La Terrasse

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Théâtre - Critique

Le Songe d’une nuit d’été

Le Songe d’une nuit d’été - Critique sortie Théâtre Paris Comedie française-Théâtre du Vieux-Colombier
La troupe du Français dans Le Songe d’une nuit d’été. Crédit photo : Christophe Raynaud de Lage

Comédie-Française / de Shakespeare / mes de Muriel Mayette-Holtz

Publié le 24 février 2014 - N° 218

Muriel Mayette-Holtz choisit une scénographie épurée pour servir la folie shakespearienne, portée par des comédiens dont le talent peine à percer sous le carcan d’une mise en scène trop sage.

Tout est théâtre dans Le Songe d’une nuit d’été, et la mise en abyme que Shakespeare s’amuse à y installer est un plaisant défi. Muriel Mayette-Holtz le relève avec esprit dès le début de la pièce, en confiant à Michel Vuillermoz (tonitruant Thésée) le rôle d’un désopilant chauffeur de salle. Les premiers rangs de la salle Richelieu sont investis par les comédiens interprétant les Athéniens, qui préparent les festivités du mariage du roi avec Hippolyta (Julie Sicard, hilarante hystérique à la fourrure, brinqueballée au bras d’un Thésée brutal, maître du jeu et pervers metteur en scène des atermoiements érotiques de la jeunesse). Hermia, Héléna, Démétrius et Lysandre sautent alors sur la scène, se défont de leurs habits de cour et batifolent dans la forêt en petite tenue, dans un décor de draps blancs suggérant « le grand lit fantasmé des rêves » qui sert de cadre à cette nuit de folie. Apparaissent alors Obéron et ses elfes, Titania et ses fées, déguisés en primates luxurieux aux attributs sexuels surdimensionnés.

Un songe banal et fade

Si Martine Chevallier et Christian Hecq sont drôles, l’une en mégère ventripotente et l’autre en Priape au prurit gonadique, si Louis Arene campe un Puck truculent en gaffeur gaillard, les effets comiques répétitifs de leur jeu finissent assez vite par lasser, faute d’une mise en scène assez inventive. Le décor minimaliste n’offre pas l’occasion de surprises véritables, et la succession mécanique des scènes édulcore le délire supposé régner dans la forêt des inversions et des amours contre nature. Les scènes où Bottom et les siens se répartissent les rôles de l’histoire de Pyrame et Thisbé exploitent avec esprit les difficultés inhérentes à toute entreprise théâtrale, et l’énergie remobilise l’attention avec ces intermèdes en clins d’œil. Ceux-là ne suffisent pourtant pas à restaurer un dynamisme, obéré par une mise en scène besogneuse, sans originalité véritable ni envergure imaginative. Thésée, Hippolyta et la jeunesse athénienne reviennent alors pour conclure cette nuit plus sage que folle, offrant l’amère impression qu’il est parfois heureux de se réveiller d’un songe aussi triste.

Catherine Robert

A propos de l'événement

Le Songe d’une nuit d’été
du samedi 8 février 2014 au samedi 15 février 2014
Comedie française-Théâtre du Vieux-Colombier
Comédie-Française, salle Richelieu, place Colette, 75001 Paris.

Matinées à 14h, soirées à 20h30. Tél.: 08 25 10 16 80. Calendrier sur www.comedie-francaise.fr Durée : 2h15.

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