Les Mains de Camille et R.A.G.E.
Chez Les Anges au Plafond, la marionnette [...]
Dans la Russie de la fin du XIXème, un révolutionnaire s’introduit comme valet chez un homme d’Etat dans la perspective de l’assassiner. Avec et à l’invitation de Stanislas Nordey au TNS, où le spectacle est créé, Anatoli Vassiliev s’empare de cette nouvelle de Tchekhov.
Comment le choix de la nouvelle Le Récit d’un homme inconnu s’est-il construit ?
Anatoli Vassiliev : J’ai commencé à travailler sur ce récit il y a longtemps, à Wrocław, à l’Institut de Jerzy Grotowski. Puis, en 2011, j’ai préparé la première version de son adaptation scénique. À Paris, en décembre, j’ai terminé cette version scénique en commençant les premières scènes avec mes acteurs. Car il vaut mieux s’intéresser à l’action théâtrale que de lire le récit plusieurs fois ! J’ai rédigé cette adaptation française avec Natalia Isaeva, qui travaille toujours avec moi sur les textes français (elle a déjà travaillé sur les versions scéniques de textes de Boyer d’Argens et Marguerite Duras).
Vous parlez d’une dimension dostoïevskienne de cette nouvelle de Tchekhov, pourquoi ?
A.V. : Les personnages qui délibèrent sur leurs positions philosophiques, les problèmes de temps perdu et de désespoir : presque rien de ces traits tchekhoviens habituels n’apparaît dans ce récit. On y trouve plutôt des réminiscences de Platonov – une pièce écrite assez tôt – et une intonation très singulière de la parole, avec un héros de sous-sol, une énigme qui s’attache à ce héros, à cette figure inattendue de l’Inconnu. Il y a beaucoup de choses qui sont donc plutôt familières de Dostoïevski.
Cet Inconnu a-t-il un esprit révolutionnaire qui s’oppose au cynisme de l’homme qu’il projette d’assassiner ?
A.V. : Le cynisme d’Orlov et l’esprit révolutionnaire de l’Inconnu : ce sont toutes ces questions qu’on nous a posées dans l’école soviétique. J’ai fini l’école en 1959. Mon Dieu, il y a si longtemps ! Depuis cette époque-là je continue à croire, qu’à vrai dire, il n’y a ni cynisme ni esprit révolutionnaire dans ce récit. Ce qui est en jeu, c’est la volonté libre d’un individu ou plutôt de trois personnes différentes de cette génération des années 1860, puisque la femme d’Orlov va également jouer un rôle important. En fait, la pièce explore le problème de la liberté personnelle dans ses trois manifestations : le plaisir, la protestation et l’amour.
A ce stade, quelles directions essentielles prend votre mise en scène de cette adaptation ?
A.V. : La longue période des « études » est terminée et nous allons entrer sur le plateau. C’est plus juste de dire que nous glissons avec nos improvisations directement sur la scène. Je suis accompagné d’une excellente équipe d’acteurs ! Ce qui nous attend s’ouvrira graduellement pendant le voyage qui nous reste.
Propos recueillis par Eric Demey, traduction de Natalia Isaeva
Tél : 03 88 24 88 00.
A la MC93, du 27 mars au 8 avril 2018 à 20h, le samedi à 18h, le dimanche à 16h. Relâche le lundi. Tel : 01 41 60 72 72. Egalement du 12 au 20 avril 2018 au Théâtre National de Bretagne.
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