Rencontre des Jonglages
Pas moins de seize dates et dix lieux [...]
Le metteur en scène Kheireddine Lardjam crée une version hétéroclite et généreuse de Mille francs de récompense, de Victor Hugo. Bouffées de comédie, de mélodrame, d’éloquence politique : un spectacle qui va à cent à l’heure.
On connait surtout Kheireddine Lardjam pour son engagement en faveur des écritures contemporaines. Le metteur en scène algérien a créé, depuis le début des années 2000, des textes d’Abdelkader Alloula, de Noureddine Aba, de Christophe Martin, de Rachid Boudjedra, de Maïssa Bey, de Samuel Gallet, de Pauline Sales, de Mustapha Benfodil… Aujourd’hui, c’est pourtant d’une pièce du répertoire classique dont s’empare l’artiste, en résidence au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine. Une œuvre du XIXème siècle : un drame aux accents comiques et politiques qui dénonce les injustices sociales d’une France soumise à la toute-puissance du monde de la finance. Dans Mille francs de récompense, Victor Hugo présente le naufrage d’une famille dont le destin est placé entre les mains du banquier véreux qui l’a ruinée. Mais Glapieu, un petit voleur de passage, va jouer le justicier au grand cœur.
Le risque d’en faire trop
Menée tambour battant par des interprètes dont la ferveur ne cède jamais le pas, cette proposition a tout du feu d’artifice. Fréquentes adresses au public, envolées de farce, hétérogénéité des effets de mise en scène, outrance de certains traits et certaines expressions… Pas question ici de donner dans la demi-teinte. Au risque d’en faire trop ? C’est ce que l’on se dit durant une partie de la représentation. Avant d’admettre qu’une belle générosité ressort de tout cela. Essentiellement centrée sur la vitalité des acteurs, cette vision contemporaine de Mille francs de récompense se donne pour principal objectif de faire revivre une fable. Et elle revit. Sans un passage à vide. Dans une efficacité de chaque instant. Bien sûr, Maxime Atmami, Azeddine Benamara, Romaric Bourgeois, Linda Chaïb, Samuel Churin, Etienne Durot, Aïda Hamri et Cédric Veschambre gagneraient parfois à davantage de mesure. Mais leur entrain, communicatif, finit par nous emporter. Comme le souhaitait Kheireddine Lardjam, plus de 150 ans après son écriture, la pièce d’Hugo s’ouvre à nous. Elle résonne « dans et avec le monde d’aujourd’hui ».
Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Relâches les lundis, ainsi que les 1er, 2 et 3 avril. Spectacle vu au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Scène, le 5 février 2018. Durée : 1h50. Tél. : 01 43 74 99 61. www.theatredelaquarium.com
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