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Danse - Gros Plan

Le Lac des cygnes

Le Lac des cygnes - Critique sortie Danse Paris Opéra Bastille
Crédit : Ann Ray / Opéra national de Paris Légende : Le Lac des cygnes par le Ballet de l’Opéra national de Paris.

Opéra Bastille / Chor. Rudolf Noureev

Publié le 19 novembre 2016 - N° 249

Le chef-d’œuvre du ballet classique revient à l’Opéra de Paris pour les fêtes de fin d’année. L’occasion de découvrir cette version, plutôt décapante, signée Rudolf Noureev.

Le cygne, figure symbolique mâle et femelle, a toujours hanté l’imaginaire des hommes. La mythologie grecque, les folklores nordiques celtiques, les contes russes et les poèmes persans l’ont convoqué de tout temps. L’imaginaire romantique s’emparera de ce symbole qui allie à la blancheur immaculée de son plumage, la noirceur de sa chair. Le Lac des cygnes est un conte fantastique où le réel et l’imaginaire s’interpénètrent : l’être aimé appartient à un autre monde, jeune fille/cygne,que sa « surnature »  rend par là même intouchable. Le sujet ne pouvait que séduire Tchaikovski, fuyant lui-même son réel et sa sexualité. Si la partition, créée en 1877 est somptueuse, il faut néanmoins attendre que Marius Petipa s’en empare en 1895 pour que le ballet devienne le mythe du répertoire classique que l’on connaît aujourd’hui. Il déploie pour le corps de ballet féminin, avec le concours de Lev Ivanov, de majestueuses figures, ordonnant le corps de ballet en ensembles architecturés et donne vie à la danseuse-cygne. Mais le coup de génie de Petipa, c’est le double rôle d’Odette cygne blanc et son double maléfique, Odile cygne noir.

Une version très freudienne

Dès ses débuts, Rudolf Noureev avait déjà modifié l’œuvre originale, en ajoutant à l’Acte I une variation grave et mélancolique, qui marquait déjà son désir d’étoffer la partie du prince et de donner plus de poids à son personnage. Invité à danser Le Lac des cygnes de John Cranko en 1963, Noureev découvrit une interprétation psychologique du ballet qui rejoignait ses convictions. Dans la version « freudienne » que Rudolf Noureev imagine pour le Ballet de l’Opéra de Paris en 1984, le prince Siegfried, manipulé par le diabolique Rothbart, se dérobe à la réalité du pouvoir et du mariage pour se réfugier dans les rêves, où lui apparaît un lac enchanté porteur de l’amour idéalisé. Noureev hisse à la hauteur de l’héroïne le rôle du prince en lui donnant une nouvelle ampleur psychologique et préfère donner au ballet une fin tragique plus harmonieuse avec l’écriture musicale.

 

Agnès Izrine

A propos de l'événement

Le Lac des cygnes
du mercredi 7 décembre 2016 au samedi 31 décembre 2016
Opéra Bastille
Place de la Bastille, 75012 Paris, France

Tous les jours à 19h30, dim. 11 et 25 à 14h30. Relâche les 12 et 15 décembre. Tél. : 08 92 89 90 90. Durée : 2h40 avec un entracte.

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