Entourée de cinq interprètes d’exception, Olivia Grandville s’amuse de l’histoire de la danse pour en réécrire les formes et les intentions.
Petit retour en arrière : c’est Olivia Grandville qui avait créé le buzz des Sujets à Vif l’an dernier au Jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph. Sa Semaine d’art en Avignon interpellait l’histoire du Festival à travers la présence de sa mère – qui joua dans la cour d’honneur en 1947 sous la direction de Jean Vilar – et de sa complice Catherine Legrand – avec qui Olivia dansait dans ce même lieu quarante-six ans plus tard deux pièces de Bagouet. Cette façon de refaire l’histoire, de réécrire la forme, de mêler le corps au texte, se retrouve cette année dans sa nouvelle pièce, très intelligemment menée autour des recherches littéraires d’un certain Isidore Isou.
Lettrisme et mécanique de la danse
Partant du principe du mouvement comme langage poétique, elle exhume les théories propres au Lettrisme d’Isidore Isou et de Maurice Lemaître dans les années cinquante, dont le Manifeste de la danse ciselante est une trace aux résonnances fulgurantes. S’ensuit avec les danseurs une conférence surréaliste déboulonnant la critique, l’histoire, la forme. Le Cabaret discrépant devient alors un haut lieu d’agitation poétique, mais aussi d’expérimentations s’attachant à d’autres références comme pour mieux relire voire réécrire l’histoire de la danse. Venu de cette fabuleuse danseuse qu’est Olivia Grandville, passée par l’Opéra de Paris avant de traverser tout l’univers de Bagouet, et servi par des interprètes de haut vol, l’exercice pourrait être périlleux. Il n’en a que plus d’intérêt.
Festival d’Avignon. Le Cabaret discrépant d’Olivia Grandville, du 8 au 11 juillet à 17h, Auditorium du Grand Avignon, avenue Guillaume de Fargis, Le Pontet. Tél : 04 90 14 14 14.