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Créé dans le cadre du Festival Les Galas du [...]
Dans la mise en scène de Bastien Ossart, Le Bourgeois gentilhomme, la célèbre comédie-ballet de Molière, est reprise en mode cabaret survitaminé. Un spectacle qui affirme sa liberté de ton avec plus ou moins de bonheur.
Comédie-ballet qui a laissé dans la mémoire patrimoniale quelques moments de bravoure : Jourdain qui fait de la prose sans le savoir, « Marquise, vos beaux yeux d’amour… » ou encore le grand Mamamouchi, Le Bourgeois gentilhomme offre une satire de la vanité des bourgeois dont le rêve ultime est d’être accepté parmi les nobles. Comme Orgon dans Tartuffe, un chef de famille – le fameux Monsieur Jourdain – s’aveugle et se fait rouler en raison de son obsession. Il veut marier sa fille pour mieux atteindre son objectif et finit par revenir à la raison grâce à un stratagème mené par femme, enfant et prétendant d’icelle. Structure classique d’une comédie en prose, Le Bourgeois gentilhomme vire pourtant à la farce dans son ultime acte où se déploie à cette occasion une vaste moquerie des turqueries. L’histoire dit que Louis XIV avait été vexé que l’ambassadeur du pays des vizirs n’ait pas été plus impressionné que cela par le faste de sa solaire Majesté. Molière lui offrait ainsi une revanche.
Liberté de ton et rythme tourbillonnant
Bastien Ossart, le metteur en scène, directeur de la compagnie des Pieds nus, incarne lui-même le personnage de Monsieur Jourdain. Surtout, il a choisi de transformer la comédie-ballet en comédie-cabaret. « Bienvenue chez le bourgeois gentilhomme » entonne ainsi la joyeuse troupe pour commencer. Ils sont 6 au plateau, baroquement et bariolément costumés, dans un feu d’artifice de couleurs d’habits qui cherchent davantage le burlesque que l’effet d’époque. C’est souvent beau et sans doute la dimension la plus aboutie de cette mise en scène. Pour le reste, l’incontestable énergie de la troupe déborde excessivement dans le périmètre réduit de la salle rouge du Lucernaire. Sans interruption face public, les interprètes grimés de blanc adoptent des poses qui se succèdent rapidement, mimiquent à l’envi, puis repartent. Le texte de Molière est revisité, entrecoupé de quelques actualisations, mais surtout accéléré. On résume un peu platement, on condense et l’on se centre sur quelques passages clés, entre deux transitions musicales chorégraphiées. À ce rythme tourbillonnant, les personnages peinent à exister, sont forcément schématiques et perdent en vie, en nuances et en complexité. Ils évoluent peu et les effets comiques soulignés déclenchent rarement les rires. Tout est fluide certes. Lully côtoie Rachid Taha. La liberté de ton toutefois n’affirme qu’elle-même, et manque d’originalité. De ce grand bric à brac, aucun regard n’émerge, simplement l’envie, louable, de divertir et de faire rire, cependant que l’on entend et que l’on voit trop pour réussir à la suivre.
Eric Demey
du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 18h. Tel : 01 45 44 47 34. Durée : 1h35.
Créé dans le cadre du Festival Les Galas du [...]