bc, janvier 1545, fontainebleau de Christian Rizzo avec Julie Guibert
Christian Rizzo revisite avec Julie Guibert [...]
Le Ballet de l’Opéra de Paris s’approprie avec brio Mayerling, ballet en trois actes de Kenneth MacMillan, pour son entrée au répertoire. Avec Hugo Marchand en majesté.
Le 30 janvier 1889, le prince Rodolphe – fils héritier de l’empereur François-Joseph et de son épouse Elisabeth dite « Sissi » – et son amante Mary Vetsera étaient retrouvés morts dans le pavillon de chasse de Mayerling. Complot politique, meurtre et/ou suicide ? Rien n’est certain même si la dernière explication est privilégiée. En créant Mayerling en 1978 pour le Royal Ballet de Londres, Kenneth MacMillan tissait en trois actes, du mariage arrangé de Rodolphe avec la princesse Stéphanie de Belgique jusqu’à l’issue fatale, le déroulement des événements qui conduisirent à ce drame. Pas-de-deux passionnés, portés époustouflants, érotisme débridé et violence sont les marques de fabrique du chorégraphe. Ils sont au programme de cette fresque narrative qui nous plonge dans les secrets de famille et les intrigues politiques d’une Cour d’Autriche-Hongrie que des costumes et décors somptueux aux tons automnaux nous montrent oppressante et sur le déclin.
Un rôle aussi exigeant dramatiquement que techniquement
Selon Karl Burnett, qui court le monde pour transmettre les chorégraphies de Kenneth MacMillan et a travaillé à Paris pour cette entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra, Mayerling est une pièce de théâtre autant qu’un ballet et offre l’un des rôles les plus exigeants du répertoire masculin. Hugo Marchand s’en empare avec brio et campe un Rodolphe qui quémande sans succès l’affection de sa mère (Laura Hecquet, altière et distante à souhait), qui tourmente et viole celle qu’on lui a imposé pour femme. Pris en tenaille entre le conservatisme des Habsbourg et les multiples sollicitations libératrices de quatre officiers, instable mentalement et fasciné par la mort, il se perd peu à peu dans ses multiples conquêtes (Hannah O’Neill est une comtesse Marie Larisch aimante et pétillante, Valentine Colasante une Mizzi Caspar délicieusement facétieuse), dans son addiction à la morphine. Il semble enfin trouver en la jeune Mary Vetsera (Dorothée Gilbert passionnée et sulfureuse) son alter ego, mais loin de le sauver leur relation achèvera sa perte. Plus encore que la prouesse technique, c’est la finesse avec laquelle Hugo Marchand incarne Rodolphe qui enchante. Dans les prochains jours, Mathieu Ganio, Paul Marque ou Stéphane Bullion devront eux aussi relever ce défi dramatique et chorégraphique.
Delphine Baffour
Tél. 08 92 89 90 90. www.operadeparis.fr
Durée : 2h45 avec 2 entractes.
Christian Rizzo revisite avec Julie Guibert [...]