« Mai Danse » à Malakoff, temps fort dédié aux jeunes créateurs avec Mellina Boubetra, Léo Lérus, Arno Ferrera, Gilles Polet et Charlie Hession
La scène nationale de Malakoff offre un temps [...]
Le chef-d’œuvre d’Ohad Naharin Last Work entre au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon qui s’en empare avec brio.
Le chef-d’œuvre d’Ohad Naharin Last Work entre au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon qui s’en empare avec brio
« Un moment crépusculaire, entre douce rêverie et réveil cauchemardesque, sur le seuil d’un dilemme : suivre la marche du monde en espérant une renaissance, ou sombrer dans l’abîme de l’oubli. » Ces quelques mots de la note d’intention de Last Work, créée en 2015 pour la Batsheva Dance Company, se lisent sur le plateau dès le lever du rideau. À jardin, une femme en robe bleue court vaillamment sur place, un tapis roulant invisible avalant ses pas. Rien n’arrêtera jamais son élan immobile, mais peut-on stopper la course du temps ou du monde ? De cour à jardin un homme avance accroupi, dos courbé, tête basse, une main posée sur son genou, l’autre trainant derrière lui. Bientôt il s’élève dans un grand plié large et puissamment ancré, avant que son corps n’ondule tel un drapeau qui flotte. Après lui d’autres solitudes envahissent une à une la scène, chacune confrontée dans sa chair au même dilemme : tordre ses membres dans des postures de repli ou s’affirmer.
Un chef-d’œuvre à la beauté crépusculaire
Ensuite le groupe prend le relai, hésitant selon les tableaux entre lenteur lancinante et énergie débridée. Les images qu’ils construisent, parfois tendres, souvent violentes, toujours oniriques et crépusculaires, sont d’une beauté et d’une force saisissantes. Créées il y a dix ans, elles résonnent étrangement avec l’actualité récente. Comment ne pas être bouleversé par ces grappes de corps qui s’effondrent et convulsent après s’être électrisés sur une partition techno, par ce drapeau blanc brandi dans les airs, par cette arme à feu que l’on astique, par ces êtres entravés et attachés entre eux à l’aide de ruban adhésif ? Une fois encore, le Ballet de l’Opéra de Lyon montre en s’emparant de Last Work toute l’étendue de son talent, son incroyable capacité à se couler dans les grammaires si différentes des chorégraphes. Cinq rappels et une ovation criée debout saluent le chef-d’œuvre d’Ohad Naharin et le brio de ses interprètes. Il fallait au moins ça.
Delphine Baffour
à 20h. Tél. 01 40 03 75 75. Durée : 1h05.
Vu à l’Opéra de Lyon.
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