La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Critique

L’Atelier du peintre

L’Atelier du peintre - Critique sortie Danse
Crédit photo : Yves petit Légende photo : Les curieux visiteurs de L’Atelier du peintre

Publié le 10 septembre 2009

Le Cirque Plume voyage dans l’imaginaire de l’artiste… et peinturlure gaiement le quotidien.

Une immense toile fichée en travers de la scène dévoile son envers rugueux, comme l’orée d’une énigme coupée dans la pénombre, tandis que Les Ménines fixe tranquillement le public. « Le tableau en son entier regarde une scène pour qui il est à son tour une scène. Pure réciprocité que manifeste le miroir regardant et regardé (…) », écrivait Michel Foucault dans Les mots et les choses à propos de l’œuvre de Velasquez. C’est sur cette citation picturale que s’ouvre L’Atelier du peintre, nouvelle création du Cirque Plume. « Dans cet échange de réel, de miroirs de regards, d’allers et retours entre l’œuvre, l’artiste et le spectateur, entre ce qu’on voit et ce qu’on devine, entre le mystère et la représentation du mystère, il y a toute la magie et l’essence du spectacle. » confie Bernard Kudlak, metteur en scène et directeur artistique de la compagnie, qui, depuis plus de vingt-cinq ans, colporte la magie d’un cirque contemporain et populaire. Adolescent, il rêvait de faire les Beaux-Arts. Un désir de liberté échevelé et l’appétit enfantin de tous les possibles le poussèrent vers le cirque… qui le ramène aujourd’hui à ses premières amours, escorté par Manet, Picasso, Duchamp, Bacon, Klein et bien d’autres.
 
Le spectacle et la représentation du spectacle
 
Sur le plateau, une bande de curieux visiteurs clandestins arpente les galeries d’un musée secret, découvre toiles et drôle de voiles au gré de cette virée vagabonde. Tant de merveilles sitôt prétextes à cadrer le sujet qui se défile et file hors cadre, quitte à faucher quelques rêves aux cimaises. Jusqu’à ce que la troupe en goguette disparaisse par l’échancrure d’un Fontana et se glisse dans l’antre imaginaire, là où s’enfantent, entre douleur et plaisir, gestes créatifs et repentirs. Saynètes surréalistes, barbouillages ludiques, envolées chimériques, jeux de rires et mots critiques : les treize artistes jouent des références picturales, des embrouilles et tambouilles de l’art contemporain. Sangles, mains à mains, trampoline, roue allemande, clown, théâtre d’ombres : les disciplines circassiennes se conjuguent en musique et donnent vie à toutes les fantaisies. « Le but des spectacles du Cirque Plume est la rencontre d’humanité, dans le partage d’émotions, d’éternités d’un instant, d’inconscient, d’amour et de joie, de rencontres, de beauté avec un public. De vivant à vivant. » aime à dire Bernard Kudlak, qui s’aventure dans les arcanes de la création et visite l’histoire de l’art à sa manière : c’est-à-dire vivante, poétique et ludique, fantasque et un brin foutraque, toujours inventive et festive.
 
Gwénola David


L’atelier du peintre, du 30 septembre au 20 décembre 2009, à 20h30, sauf jeudi à 19h30 et dimanche à 15h, relâche lundi et mardi, au Parc de la Villette, Espace Chapiteaux, 75019 Paris. Rens. : 01 40 03 75 75 et www.villette.com. Durée 1h50 sans entracte. A paraître : Cirque Plume – Entretien avec Bernard Kudlak, par Gwénola David, collection « Quel cirque ? », coédition Actes Sud-Papier – Cnac.

A propos de l'événement


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