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Avignon / 2009 - Entretien Armand Eloi
Excellente initiative d’Armand Eloi, qui met en scène L’atelier d’écriture de David Lodge, dont le théâtre est méconnu en France. Une comédie malicieuse et cruelle qui donne à voir les travers humains sans les affadir.
Quels sont les défis de votre mise en scène face à cette pièce qui s’apparente au vaudeville ?
Armand Eloi : J’espère que ma mise en scène est élégante, à l’image de la pièce, qui est drôle sans jamais forcer le trait. J’ai cherché à donner toute leur profondeur aux personnages, dont les travers – petites lâchetés, suffisance, timidité, maladresse, ridicule, désirs inavouables et intentions inavouées – sont le produit de la peur qui étreint tous les créateurs : celle de n’avoir plus rien à dire. Quant à cette capacité à mélanger intelligence et drôlerie, à cette manière brillante de construire une intrigue comme une mécanique de précision, qui peut en effet faire penser au vaudeville, ce sont des qualités qui me ravissent chez David Lodge !
« La pièce nous montre les coulisses de la profession, avec une ironie qui confine à la cruauté : jalousie, mesquinerie, prétention, et coups tordus semblent être le quotidien de ces auteurs. »
De quelle façon la pièce aborde-t-elle l’acte d’écriture ? Quel type de portrait la pièce croque-t-elle du monde des écrivains ?
A. E. : La pièce nous montre les coulisses de la profession, avec une ironie qui confine à la cruauté : jalousie, mesquinerie, prétention, et coups tordus semblent être le quotidien de ces auteurs. Dans le huis clos que représente cet atelier d’écriture, ils semblent aussi travaillés par leur libido… Paradoxalement, tout cela nous les rend proches, humains, voire attendrissants. C’est le talent particulier de David Lodge de partir d’un univers très spécifique comme celui des écrivains pour toucher à l’universel et nous émouvoir profondément.
Quelle relation l’art et la vie – vaste sujet que l’on retrouve chez beaucoup d’artistes – entretiennent-ils dans la pièce ?
A. E. : David Lodge traite ce thème avec beaucoup de subtilité : dans la pièce, art et vie sont intimement mêlés. Si les trois auteurs présents entretiennent des rapports très divers avec la fiction, on sent que leurs écrits se nourrissent de leur vécu, et que par moments, ils construisent leur vie comme un roman. La question de l’autobiographie est très présente dans la pièce comme dans notre littérature marquée par l’autofiction. Mais au fond, nous dit Lodge, la bonne question n’est pas « Est-ce vrai ? » mais « Y croit-on ? ». La magie de la fiction, c’est de ressembler à la vie.
Propos recueillis par Agnès Santi
L’atelier d’écriture de David Lodge, texte français Béatrice Hammer et Armand Eloi, mise en scène Armand Eloi, du 8 au 31 juillet à 22h à Présence Pasteur, 13 rue du pont Trouca. Tél : 04 90 82 33 12. La pièce est publiée aux Editions Rivages.
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