Résumons-nous, la semaine a été désastreuse
Sous la direction du metteur en scène Charles [...]
Angela Laurier met en scène les étapes marquantes de sa vie à travers une comédie musicale loufoque qui, malgré quelques beaux moments, demeure plate et linéaire.
Avec Déversoir (2008) et J’aimerais pouvoir rire (2010, mise en scène de sa soeur Lucie Laurier) – titre qui reprend une phrase fétiche employée par son père -, Angela Laurier se confrontait à son histoire familiale et au thème de la folie, à travers notamment la figure de son frère Dominique étiqueté schizophrène, présent pour les deux spectacles. Rage de vivre contre enfermement, création artistique et retrouvailles contre maladie mentale : ces deux spectacles hybrides ont connu un beau succès. « Mon métier de contorsionniste est mon exutoire aliénant », avait-t-elle alors dit. Toujours dans la veine autobiographique, L’Angela Bête se concentre cette fois uniquement sur elle et traverse les faits marquants de sa vie depuis la petite enfance. Une vie hors du commun, atypique, où la scène est très tôt et toujours présente. Naissance le 4 février 1962. D’abord une petite enfance lumineuse dans la nature près de l’Alaska. Puis très jeune, elle quitte famille et école pour chanter dans Les Enfants du Ciel, comédie musicale du gourou Michel Conte, “père spirituel“ au pouvoir toxique. Elle intègre l’équipe nationale de gymnastique, où, très bonne à l’entraînement, elle perd ses moyens lors des compétitions. Elle connaît ensuite des années de cirque (Le Soleil et autres) avec son numéro de contorsion – le corps « qui couine », elle en a « plein le dos ». Enfin elle crée sa compagnie en 2006.
« Fatras vertigineux »
« Je suis en reconversion, plus de contorsion. » clame-t-elle. Un escalier mouvant – qui se mue en cabane-cocon – figure l’ascension ironique vers le ciel de la gloire et des hauteurs d’où, suppose-t-on, le monde serait plus beau (dixit la chanson). Une bande de quatre musiciens l’accompagne en live, se transformant à l’occasion lors d’une scène drolatique en athlètes du dimanche à l’entraînement, prêts pour quelques portés. L’artiste combine chant, danse, musique, récit, vidéo afin de parvenir à dire ce qui bouillonne en elle – « un fatras vertigineux ». Elle est « pleine à craquer », il faut qu’elle se lâche, qu’elle évacue… Comment faire œuvre de cet impératif ? Sous la forme de cette comédie musicale loufoque et buissonnière, comment concevoir et mettre en forme une expression distanciée, une transposition du réel et du vécu, en imbriquant le spectaculaire, l’émotion et l’introspectif ? Angela Laurier ne parvient pas à résoudre cette équation et, malgré quelques beaux moments, la prestation demeure linéaire et plate, souvent longuette. L’urgence de dire ne suffit pas. L’artiste fait certes preuve d’autodérision, d’ironie et d’énergie, mais cette traversée autobiographique manque de piquant et de relief.
Agnès Santi
Sous la direction du metteur en scène Charles [...]