« Dual », duo danse et musique ou l’art du flamenco avec Mercedes Ruiz et Santiago Lara
Dans la simplicité du duo danse-musique qui [...]
Seule en scène, Frédérique Voruz se livre : elle se réapproprie son enfance auprès d’une mère dévoratrice. Un acte théâtral fort où les mots agissent à plein régime.
Dans les contes, il arrive que l’on transforme le plomb en or. Dans celui qu’a conçu pour nous Frédérique Voruz c’est aussi, à sa manière, une étonnante transmutation qui s’opère, une sorte de mise à distance, de rite de passage, de guérison. Le temps est passé par là, les douleurs et les peurs ont été plus ou moins digérées, l’emprise d’une mère monstrueuse s’est défaite. Devenue grande, devenue comédienne – et autrice ! – , Frédérique raconte, se livre, diapositives familiales à l’appui. Seule en scène, elle expose avec une force épatante son histoire de survie en milieu hostile. En complicité avec le public, sous son regard, elle l’interprète et l’analyse avec une lucidité teintée d’humour, avec une vitalité débordante. Preuve à la fois de son grand talent, et de la possibilité encourageante de se sortir de ses enfermements et traumatismes. Comment s’extraire d’une vie passée sous les commandements d’une mère qui ne vous veut aucun bien ? Sous l’œil bienveillant de Simon Abkarian, camarade du Théâtre du Soleil, la comédienne réinvente, transforme, transpose : elle est une héroïne qui célèbre le théâtre autant que la psychanalyse, deux domaines où agit intensément la puissance des mots, où se bousculent et rivalisent aussi un tas de sentiments contradictoires – la haine, la peine, l’amour, la souffrance, la honte, la pitié…
Survie en milieu hostile
Petite dernière d’une famille de sept enfants, Frédérique Voruz a vécu sous la coupe d’une mère qui vit dans une jouissance de la privation, dans une radinerie extrême, dans un mysticisme catholique médiéval invoquant sans cesse le regard d’un Dieu inquisiteur. Une vie en autarcie, mis à part l’accueil de quelques clochards avinés qui effrayaient la petite fille. Passionnée d’alpinisme, cette mère insubmersible a été amputée d’une jambe lors d’un accident de montagne. « Je me vengerai sur les enfants. » a-t-elle annoncé sur son lit d’hôpital. Elle tint parole. « Nous étions des bouts, des lambeaux, des morceaux de notre mère… Ses prolongements. Nous lui appartenions . Nous étions elle. Sa jambe perdue… » Le père quant à lui parle aux arbres. Les scènes s’enchaînent avec fluidité et limpidité, éclairant certains faits marquants, et les divers membres de la famille se reconnaissent aisément selon le jeu et la voix. En psychanalyse lacanienne, le lalalangue est le nom donné au dictionnaire familial, aux paroles qui véhiculent l’inconscient. Cette vie familiale librement mise en scène sous le regard du public est un acte artistique fort et émouvant. Un acte émancipateur, loin de tout larmoiement, qui force l’admiration.
Agnès Santi
à 14h. Relâche les jeudis. Tél. : 04 32 76 24 51. Durée de la représentation : 1h20. Spectacle vu au Cirque Electrique.
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