Valérie Dashwood, Laurent Poitrenaux et Alvise Sinivia dans « Médecine générale », d’Olivier Cadiot, mise en scène de Ludovic Lagarde
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Julie Borretti adapte avec humour et tendresse un texte de Thomas Delaporte – primé par ARTCENA -, épopée d’un héros vulnérable, précarisé après son arrivée à Paris. Portés par l’enthousiasme d’une troupe soudée, les registres s’enchaînent dans des tableaux visant juste.
Étrange périple que celui de ce héros, qui débute dans le bureau du directeur d’un fast-food. Un premier pacte avec le diable avant d’enfiler l’uniforme, bien triste malgré son rouge criard. Aliénation, frustration, épuisement, seule sa collègue avec qui il ricane sur les clients et les patrons lui permet de tenir, un peu. L’ombre de son manager le suit jusqu’à sa fac, son appartement, influence ses choix intimes. Dans un dispositif simple et habile, les différents moments de la journée s’enchaînent avec une fluidité quasi cinématographique (quoique se mariant mal avec les musiques de fond, coupées abruptement). On a à peine le temps de le réaliser qu’on se retrouve propulsé de la cuisine aux odeurs de friture à l’angoisse des cours de théâtre du soir. C’est alors que toute la chaîne de frustration devient claire. Il faudrait qu’il la rompe pour se libérer du boulet de l’ennui. Comment, lorsqu’on ne possède plus son propre temps, fixer ou faire évoluer nos relations ? Ces figures qui gravitent autour du héros sont autant de satellites protecteurs que d’astéroïdes pouvant l’érafler durablement. La pièce nous plonge dans une fluidité des rôles et des affects, explorant avec honnêteté les faux-semblants, questionnant l’amour sous toutes ses formes, notamment familiales. Est-ce que l’on peut dire “Je ne t’aime plus” à un membre de sa famille ?
Une comédie du quotidien
Si le récit accumule les déconvenues pour notre héros, la mise en scène tourne la plupart en dérision par un jeu truculent, parfois jusqu’à l’absurde. Ces nombreux personnages – ils sont 9 sur le petit plateau du Théâtre de La Croisée des Chemins – incarnent une diversité de types : la fille qui adore parler de sa relation polyamoureuse, le communiste du campus qui veut absolument faire lire son livre, le prof de théâtre frustré et dédaigneux, le manager lubrique… La pièce porte toutefois un regard un peu distancié et moqueur face à ces personnalités hors-sol, qui théorisent tout sans grande concrétude, car il est ici question de mépris de classe. Dans des registres allant de la confession poignante face au public à la farce grossière, la compagnie La Fraze élabore une véritable comédie du quotidien. Les dialogues et les situations touchent sans trop de difficulté à l’universalité : on a tous été étudiants, plantés face à cet ordinateur, à cliquer frénétiquement pour choisir en premier les cours avec les meilleurs horaires du semestre. Avec plus ou moins de subtilité, l’œuvre souligne la charge mentale invisible qui est l’apanage des gens normaux, prolétaires et étudiants. Sans doute le miroir de cette toute jeune compagnie qui est parvenue, dans cette salle intimiste du 19ème arrondissement, à créer l’hilarité générale.
Enzo Janin-Lopez
Les jeudi et vendredi à 21h, relâche le 1er mai. Durée : 1h15
Tél : 01 42 19 93 63. Site : https://www.theatrelacroiseedeschemins.com/
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