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Théâtre - Critique

La Tempête…

La Tempête… - Critique sortie Théâtre
Crédit : Loll Willems Légende : « André Marcon et Janaïna Suaudeau dans La Tempête…, mise en scène par Georges Lavaudant. »

Publié le 10 octobre 2010

Créé en juin dernier à Lyon, au festival Les Nuits de Fourvière, le dernier spectacle de Georges Lavaudant réunit des versions condensées du Songe d’une nuit d’été et de La Tempête de William Shakespeare. Un rêve de théâtre au centre duquel André Marcon compose une partition magistrale.

Née il y a quelques années, à l’occasion d’un travail réalisé par Georges Lavaudant au Conservatoire supérieur national d’art dramatique, l’idée d’investir La Tempêteet Le Songe d’une nuit d’été au sein d’une même représentation a fait son chemin. Avec l’aide de Daniel Loayza (qui signe la traduction et l’adaptation des deux pièces de William Shakespeare), l’ancien directeur du Théâtre national de l’Odéon présente un spectacle contrasté conçu comme un très bel hommage au théâtre. Un spectacle double (Le Songe d’une nuit d’été est inséré à l’intérieur de La Tempête, prenant la place de la pastorale que Prospero fait jouer en l’honneur de sa fille et de son fiancé), spectacle d’une grande beauté esthétique à travers lequel le metteur en scène fait se côtoyer de multiples univers et donne corps à une représentation hautement personnelle. De la grandiloquence baroque d’aristocrates napolitains, à l’austérité pleine de grandeur d’André Marcon (qui interprète Propero et Obéron), en passant par la décadence de fées aux airs de drag queens…, Georges Lavaudant crée un melting-pot théâtral haut en couleurs auquel on pourra cependant reprocher de frôler, dans Le Songe…, les lignes de la complaisance farcesque.
 
Entre clair-obscur et flamboyance
 
Mais, ce n’est pas cela que l’on retiendra de cette proposition entre clair-obscur et flamboyance. Car les pesanteurs humoristiques qui ponctuent Le Songe sont vite oubliées au regard des saisissements existentiels et théâtraux qui nourrissent La Tempête. Bien sûr, on peut légitimement s’interroger sur la pertinence d’une telle imbrication. La Tempête n’aurait-elle pu se passer de ce Songe à la cocasserie débridée ? Sans doute. Mais il surgit malgré tout une forme de liberté extrêmement touchante de cet emboîtement dramaturgique. Comme si le metteur en scène s’était laissé déborder par la démesure de ses rêves de théâtre, comme s’il s’était laissé emporter par ses désirs de vie et de chimères. De profondeurs introspectives en clins d’œil empreints d’espièglerie adolescente, Georges Lavaudant convoque les « fantômes grotesques, pitoyables, énigmatiques » de son théâtre. Il crée un spectacle bigarré, inégal mais très attachant, servi par toute la puissance et toute la profondeur du grand André Marcon. Un spectacle qui résonne à la façon d’une envolée métaphysique et bouffonne, d’un poème à la gloire des mystères et des enchantements de l’art dramatique.
 
Manuel Piolat Soleymat


La Tempête…, d’après La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare ; traduction et adaptation de Daniel Loayza ; mise en scène de Georges Lavaudant. Du 1er au 24 octobre 2010. Les mardis à 19h30, les lundis, vendredis et samedis à 20h30, les dimanches à 15h30. MC93 Bobigny, 1, boulevard Lénine, 93000 Bobigny. Tél : 01 41 60 72 72. Durée de la représentation : 2h15. Spectacle vu en juin 2010, au festival Les Nuits de Fourvière.

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