« Barbara (par Barbara) » : Marie-Sophie Ferdane et Olivier Marguerit font le portrait d’une Barbara loin des clichés, mise en scène par Emmanuel Noblet
Dirigés par Emmanuel Noblet, Marie-Sophie [...]
Après s’être attaqué à l’œuvre de Molière, le comédien et metteur en scène Tigran Mekhitarian se lance un sacré défi : mettre en scène le chef-d’œuvre de Romain Gary. Trois acteurs, un violon, et l’ambition de donner corps et rendre hommage à l’amour infini d’une mère. Pari tenu.
« Avec l’amour maternel, la vie nous fait une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé de manger froid jusqu’à la fin de nos jours. ». Au Contrescarpe, c’est Tigran Mekhitarian qui nous fait une promesse : celle d’adapter l’autobiographie de Romain Gary en moins d’une heure trente. Cette promesse-là est tenue. Ils sont trois sur scène : Romain Gary, sa mère, et un violoniste protéiforme qui joue tous les autres rôles. Le texte original est respecté, les extraits retenus sont pertinents. Exit Mariette, Valentine, pour laisser la place à la star, Mina, mère de Romain. Delphine Husté incarne avec une parfaite justesse cette femme débordante de sentiments, d’idées, malicieuse et drôle malgré elle. La pièce insiste sur la relation mère-fils, notamment lors des épisodes d’enfance de Romain. Tigran Mekhitarian endosse le rôle de Romain Gary, illustrant cette insouciance de l’enfance avec aisance et naturel, usant habilement de jeux de regard, de diction. Pendant ce temps, Léonard Stefanica ne cesse de courir. Tantôt violoniste, flic ou cliente de la maison de couture de Mina, il n’a aucun moment de répit. Sa composition musicale rythme parfaitement le conte narré par Tigran Mekhitarian, flirtant presque avec le slam.
Une adaptation réussie
Entre son enfance en Pologne, sa jeunesse à Nice ou son engagement militaire, adapter ce chef-d’œuvre d’un de nos plus grands auteurs n’est pas chose aisée. Mais l’essentiel y est. On se laisse porter par les mots de Romain Gary, qui par leur beauté se font d’emblée musique théâtrale. On rit aux petites blagues anachroniques dispersées çà et là – un air de « Ramenez la coupe à la maison » en clin d’œil à la Marseillaise, un ordinateur qui trône fièrement sur le devant de la scène… On s’attache à ce duo fabuleux. Delphine Husté impressionne. Tigran Mekhitarian nous tient en haleine, avec un rebondissement final qui fonctionne à merveille, et ce même si on connaît la fin et qu’on la redoute. Au cœur de l’intime, Romain Gary dévoile ici l’enfant qui toute sa vie a résidé en lui. « Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. ». Romain a été adoré par sa mère, et il l’a adoré. Il a tenu sa promesse envers Mina, mais n’a jamais eu le sentiment de retrouver pareil amour. Sur le plateau du théâtre, l’amour de Tigran Mekhitarian pour l’œuvre, qui n’est pas sans écho avec son histoire personnelle, transparaît clairement. Et cet amour est communicatif.
Siloé Lemaître
A 15h, 16h30 ou 21h. Tél : 01 42 01 81 88. Durée : 1h30.
Dirigés par Emmanuel Noblet, Marie-Sophie [...]
Avec Le Vortex Nukak, la compagnie Mapa [...]