Sans famille d’après Hector Malot, mise en scène de Léna Bréban
En se réappropriant le roman éponyme d’Hector [...]
Laurent Hatat et Thomas Piasecki offrent une adaptation enlevée de la dernière pièce de Beaumarchais et dépoussièrent le drame avec ardeur. Une très intéressante mise en perspective des débats sociétaux actuels. Un spectacle équilibré et lumineux.
Vingt ans après… Comme les mousquetaires, les amants ont vieilli. Almaviva (Pierre Martot, émouvant en ancien séducteur assagi par l’âge) aimerait aimer Rosine, mais la comtesse (Emma Gustafsson, fragile et poignante), consumée par la culpabilité de l’adultère, erre au milieu des ruines de son mariage. Triste journée que celle où l’exécrable Bégearss (incarné avec une gourmandise évidente et une drôlerie spirituelle par Olivier Balazuc), tend ses filets pour piéger la famille Almaviva avec la méchanceté d’un Iago et la froideur calculatrice d’un John Law… Fort heureusement, Figaro et Suzanne veillent au grain. Incarnés par Azeddine Benamara et Kenza Laala qui excellent dans les rôles de serviteurs matois et bienveillants, ces deux génies de l’intrigue parviennent à défaire les nœuds du drame, à démêler les attachements et à moquer le vilain calculateur pour sauver l’amour et l’avenir. Anne Duverneuil et Mathias Zakhar sont délicieux en Léo et Flora, les enfants qui s’aiment et auxquels la réécriture de leurs rôles par Laurent Hatat et Thomas Piasecki offre une épaisseur passionnante et une modernité réjouissante. L’un et l’autre mettent la plume, que l’aristocratie chancelante portait au chapeau, au service du théâtre et de la revendication politique, avec une plaisante allégresse : on s’amuse d’entendre Olympe de Gouges persiller Beaumarchais !
Un spectacle joyeux et tendre
Sans sombrer dans l’actuel catéchisme militant, Laurent Hatat revisite la pièce avec la rigueur dramaturgique qu’on lui connaît, évoquant l’incertain aujourd’hui, taraudé par les mêmes maux que ceux qui affligent les personnages de Beaumarchais. Domination masculine, religiosité fanatique, jeunesse sacrifiée, compromission politique, petits arrangement notariaux et fraude fiscale : deux cent cinquante ans plus tard, rien de neuf sous le soleil de l’exploitation. Sur fond de soubresauts révolutionnaires, dans un décor aussi défait que la société qui lui sert de cadre, la farce et le rire en dénoncent les travers avec une efficacité infiniment plus acérée que les lourdeurs moralistes. « Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. » disait Figaro au comte dans Le Barbier de Séville : Laurent Hatat et Thomas Piasecki ont retenu la leçon, et leur texte s’inscrit dans cette veine sérieuse et bouffonne qui sied si bien au théâtre populaire, un peu comme si les membres de cette famille indécise et éclatée étaient enfants de Dario Fo. On rit et l’on s’émeut, on déteste le méchant et l’on plaint les gentils : que demande d’autre le peuple ?
Catherine Robert
Mardi et mercredi à 19h30 ; jeudi et vendredi à 20h30. Tél. : 03 22 22 20 20. Durée : 1h55. Tournée : 8 et 9 mars 2022 au Bateau Feu, scène nationale de Dunkerque ; 21 et 22 mars au Théâtre Paul-Eluard de Choisy-le-Roi ; 29 mars 2022 au Théâtre d’Abbeville ; 17 et 18 novembre 2022 à la scène nationale de Dieppe ; novembre 2022 au Théâtre de l’Olivier à Istres.
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