Juventud de Nicanor de Elia
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Créée en mars 2020 et interrompue par le premier confinement, la mise en scène surprenante de La Ménagerie de verre signée par Ivo van Hove nous transporte dans un monde de souvenirs, de blessures, de chimères. Un monde à la fantaisie et aux troubles impressionnistes auquel redonnent vie aujourd’hui, sur le plateau du Théâtre de l’Odéon, Isabelle Huppert, Cyril Gueï, Justine Bachelet et Antoine Reinartz.
Dans La Ménagerie de verre, pièce grâce à laquelle Tennessee Williams devint célèbre en 1945, à l’âge de 34 ans, tout se joue dans les instabilités contradictoires d’existences qui s’effilochent, s’affaissent, s’embourbent, s’éloignent douloureusement de la lumière et la douceur des idéaux. Cette histoire à l’âpreté souvent cocasse se déploie à travers les souvenirs d’un jeune homme rêvant de devenir écrivain, Tom Wingfield, personnage-narrateur (et double de l’auteur) qui nous ouvre les portes d’un huis clos familial entre gouffres intimes et pesanteurs du quotidien. Surgit de cette histoire la mère de Tom, Amanda, femme déclassée, désargentée, abandonnée par son époux, qui a élevé ses enfants en célébrant l’âge d’or que représente, pour elle, sa jeunesse. Amanda n’espère qu’une chose : voir sa progéniture accéder au succès et au bonheur auxquels les prédestinait son milieu social d’origine. Elle tente, pour cela, de pousser un collègue de son fils dans les bras de sa fille Laura, personnalité timide et complexée qui vit dans le monde imaginaire de sa collection d’animaux en verre. Leur union permettrait au narrateur de se libérer de ses obligations familiales. Tom pourrait, enfin, répondre à l’appel de l’ailleurs qui le taraude et donner libre cours à ses aspirations intimes.
Des doutes et des secrets
C’est une représentation de théâtre dense, surprenante, sensible, habitée de doutes et de secrets, de drôlerie et d’émotion que fait naître le metteur en scène Ivo van Hove. Une représentation qui affirme dès ses débuts, à travers le jeu piquant d’Isabelle Huppert, une forme inattendue de légèreté volontariste. La grande comédienne cherche la drôlerie et la trouve, conférant au personnage d’Amanda des ambivalences troublantes. Comme si cette mère désespérée voulait, coûte que coûte, sauver la face. Comme si elle tenait à dissimuler les traces de certaines inquiétudes, certaines obsessions, certaines fuites en avant. Puis, le vernis craque, laissant apparaître le fond d’une tendresse et d’une mélancolie bouleversantes. Jusqu’au basculement de la représentation qui, de façon subite, s’enfonce dans un clair-obscur plein de gravité. Au sein de la très belle scénographie de Jan Versweyveld, qui transforme le foyer des Wingfield en espace mental symboliste, Antoine Reinartz (le comédien remplace Nahuel Pérez Biscayart dans le rôle de Tom), Justine Bachelet et Cyril Gueï forment, au côté d’Isabelle Huppert, un quatuor exemplaire. Ivo van Hove signe ici un grand spectacle. Sa Ménagerie de verre porte haut la profondeur complexe du théâtre de Tennessee Williams.
Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h.. Tél. : 01 44 85 40 40. Spectacle vu le 11 mars 2020. Durée de la représentation : 2h10www.theatre-odeon.eu
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