« L’Odeur de la guerre » de Julie Duval, l’histoire d’une jeune femme qui grâce à la boxe part à la recherche de sa voix
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La fable aux vrais faux airs de dystopie, imaginée par l’auteur et metteur en scène Christian Roux, interroge avec audace le désir d’enfantement. Portée par un trio féminin engagé, la création invite à la réflexion en percutant la question de la viabilité d’un monde, le nôtre, dont le caractère chaotique n’échappe à personne.
« Peut-on vraiment désirer voir naître un enfant dans un monde ravagé par les guerres, la faim, les catastrophes climatiques et sanitaires ? » Telle est la question qui a lancé l’écriture du conte, question qui rencontre la préoccupation de la nouvelle génération, quand celle-ci étreinte par ce sentiment neuf que l’on nomme solastalgie, perd sa foi en l’avenir. L’auteur, Christian Roux, fabule en faisant du désir de la future mère le moteur du déclenchement de l’accouchement ; ce n’est plus l’enfant qui décide du moment où il viendra au monde, c’est le désir de la femme de le voir naître qui commande. Et, comme Amélie, son héroïne, elles sont de plus en plus nombreuses de par le monde, ces femmes qui, enceintes, stoppent le processus d’expulsion du bébé qu’elles portent, au risque de perdre elles-mêmes la vie, parce qu’elles ne veulent pas le mettre au monde dans un lieu de vie qui n’est pas désirable. C’est « la grève des mères ».
Une mise en scène fondée sur le jeu
L’auteur réunit ses trois protagonistes dans l’appartement de la mère, Paula, ancienne ouvrière militante qui a élevé seule ses deux filles, qui soutient avec force la position de sa fille, Amélie, depuis que celle-ci a décidé de « se mettre en grève ». Une position qui n’est pas partagée par Hélène, la sœur aînée, dont la stérilité a été cause de divorce. Les appréciations conflictuelles du trio corsent le développement dramatique sans laisser présager de l’issue. La mise en scène cherche avant tout à susciter l’émotion, et table sur le jeu, le pouvoir de conviction et l’engagement des trois actrices, Claude Viala (Paula), Pascaline Schwab (Hélène) et Lorédana Chaillot (Amélie). La sobriété de l’unique décor, celui de la cuisine de l’appartement, lieu de tous les épanchements, la simplicité des jeux de lumières, la pertinence de la bande son essentiellement faite d’extraits des actualités télévisuelles, ancrent le spectacle dans un réalisme qui pousse la crédibilité de la fable.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
à 16h35. Dès 15 ans. Relâche le mardi. Durée : 1h10. Tél : 06 58 64 33 88.
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