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La dernière pièce d’Hamid Ben Mahi est une [...]
Danse - Entretien Samuel Murez
Depuis 2004, 3e étage réunit une quinzaine de danseurs de l’Opéra de Paris. Ils présentent, de façon indépendante, les créations de Samuel Murez : des pièces qui cherchent – et parviennent – à s’adresser à tous, sur un mode à la fois divertissant et profond. Et si c’était là que la tradition du ballet se réinventait ?
Que représente 3e étage par rapport à l’activité de danseur à l’Opéra ?
Samuel Murez : Depuis des années, à l’Opéra, j’ai la chance de travailler avec de très grands chorégraphes, de les voir se confronter aux problèmes techniques, faire apparaître des facettes nouvelles chez les danseurs… Ce que 3e étage apporte, c’est la possibilité de faire fructifier cette formation très riche, sur un mode différent : à l’Opéra, on crée très rapidement.
Face à ce projet, on est frappé par l’autonomie qu’il révèle : tout en appartenant à l’institution, vous inventez d’autres modes de travail…
S. M. : Nous avons la chance de pouvoir éviter la surenchère de projets. Si j’avais accepté les commandes que l’on m’a faites, je serais sans doute beaucoup plus connu, mais j’aurais dû travailler avec des interprètes nouveaux, sur des temps très limités… Avec le risque de tomber dans la facilité. C’est le contraire qui m’intéresse : la recherche à long terme, fondée sur l’intime connaissance entre les membres du groupe (danseurs, ingénieurs, accessoiristes…). Au sein de 3e étage, s’il faut deux ans pour qu’une idée aboutisse, nous y travaillons pendant deux ans ! La création est un processus collectif.
Vos pièces ont quelque chose de cinématographique. Elles sont d’ailleurs présentes sur internet sous la forme de « bandes-annonces » extrêmement soignées…
S. M. : Je conçois mes chorégraphies de façon narrative, et je suis très influencé par la façon dont les séries, notamment, construisent des personnages comme des « arcs » évolutifs : j’ai souvent l’impression qu’en danse, on sous-estime la capacité du spectateur à appréhender la complexité d’un personnage ou d’une situation ! J’ai aussi beaucoup appris quant à la composition en travaillant sur des films : si un passage n’est pas essentiel à la narration, le monteur le coupe sans états d’âme. Alors qu’en studio, face aux danseurs, on a tendance à laisser chaque tableau se déployer, s’allonger… C’est pourquoi je compose souvent chez moi, en reprenant les captations des répétitions : à distance, on parvient à trouver l’unité la plus compacte pour dire ce que l’on a à dire. C’est parfois douloureux, mais cela fait toujours du bien au spectacle !
Propos recueillis par Marie Chavanieux
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