Une saison au Congo
Troupe fière, verbe glorieux, étendard de [...]
Créée au Théâtre national de Toulouse en octobre dernier, la mise en scène de La Bonne Âme du Se-Tchouan signée Jean Bellorini est aujourd’hui présentée aux Ateliers Berthier. Un spectacle de troupe, qui fait souffler un vent allègre et coloré sur l’œuvre de Bertolt Brecht.
Aller découvrir de nouvelles créations théâtrales aux quatre coins de l’Hexagone réserve parfois des imprévus. Bloqué dans un wagon de train durant plusieurs heures, je n’ai pu voir la première partie de La Bonne Âme du Se-Tchouan, pièce de Bertolt Brecht présentée par Jean Bellorini, en octobre dernier, au Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées (le jeune metteur en scène signe également la scénographie et les lumières du spectacle, cosigne la nouvelle traduction avec Camille de la Guillonnière et la création musicale avec Michalis Boliakis et Hugo Sablic). Entré dans la salle à l’entracte, j’ai donc assisté à la dernière heure de cette représentation (qui dure, au total, 3h15), une heure faite d’entrain, de contrastes et de couleurs, de musiques, d’élans comiques et dramatiques. Une heure qui transpose l’histoire de la généreuse Shen Té (une jeune prostituée qui, après avoir racheté un débit de tabac, s’invente un double masculin rigide et individualiste pour faire face aux violences engendrées par le monde capitaliste) dans un ici-et-maintenant théâtral aux résonnances actuelles.
Une fable sur les contradictions de la nature humaine
Tout, ici, vient corroborer la ligne artistique de la compagnie Air de Lune fondée, en 2001, par Jean Bellorini : créer « un lien étroit, permanent entre la musique et la parole », « tendre vers tout ce qui questionne l’homme et sa condition ». A la tête d’une troupe de dix-huit comédiens et musiciens, le metteur en scène a élaboré une (seconde partie de) représentation vive, habile, en lien constant avec les spectateurs qui sont amenés à s’interroger sur le pouvoir de l’argent, les rapports de force dans la société libérale, les contradictions de la nature humaine… « Le théâtre doit être une fête, déclare Jean Bellorini. Une fête joyeuse où l’on peut tout entendre, y compris les drames les plus graves. » Voilà qui est réussi. La fin de cette Bonne Âme du Se-Tchouan nous embarque dans les tourbillons d’un théâtre enjoué, généreux, populaire. Et fait regretter aux voyageurs retardataires de ne pas en avoir vu davantage…
Manuel Piolat Soleymat
Troupe fière, verbe glorieux, étendard de [...]