Elisabeth Bouchaud / Le laboratoire du rêve
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Henri V, Henri VI, Richard III : le metteur en scène belge Ivo van Hove explore le thème du pouvoir et interroge le monde d’aujourd’hui à travers trois pièces historiques de Shakespeare.
Après Tragédies romaines, en 2008, vous vous lancez dans un nouveau triptyque shakespearien. Quel lien faites-vous entre ces deux projets ?
Ivo van Hove : Contrairement à Tragédies romaines qui interrogeait le monde de la politique, Kings of War traite de la question du pouvoir – question que je considère comme l’une des plus importantes non seulement au regard de notre époque, mais aussi au regard des décennies à venir. Il paraît évident que la façon dont le pouvoir est aujourd’hui endossé n’est plus en phase avec les problèmes qui se posent dans nos sociétés. Dans ses pièces, Shakespeare nous montre comment des chefs d’état font face à la décision la plus lourde de conséquences qu’ils aient à prendre : partir en guerre ou non ! Si vous partez en guerre, vous pouvez bien sûr gagner, mais aussi perdre. Et quelle que soit l’issue du conflit, il y aura de toute façon de nombreux morts. A travers Henri V, Henri VI et Richard III, Kings of War nous interroge sur le type de dirigeants que nous souhaitons voir arriver au pouvoir dans le futur.
En quoi William Shakespeare vous semble-t-il un auteur essentiel pour interroger notre époque ?
I. v. H.: Shakespeare est pour moi un véritable compagnon de route. Il guide notre regard derrière le miroir de la réalité pour nous permettre d’avoir une compréhension plus profonde de ce que nous, êtres humains, sommes réellement. Il ne se perd jamais dans un quelconque politiquement correct, mais donne à voir l’animal qui sommeille à l’intérieur de chaque être civilisé. Shakespeare n’a jamais peur de montrer ce qui est laid ou sombre dans nos vies. Pour moi, il est tout simplement le plus grand dramaturge de tous les temps. Chacune de ses répliques est chargée soit d’un grande lueur, soit d’une grande noirceur.
A quelle forme de théâtre diriez-vous que vous travaillez ?
I. v. H.: Le théâtre doit répondre selon moi à une forme d’urgence absolue. J’ai besoin de ressentir une attirance forte, passionnelle, pour les textes que je crée. Et à partir de ces textes, je cherche à faire un théâtre qui s’attache à explorer des thèmes résonnant fortement aujourd’hui, à l’aide des moyens artistiques et techniques dont nous disposons.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Les 22, 23, 29 et 30 janvier 2016 à 19h, les 24 et 31 à 13h. Tél : 01 53 65 30 00. Spectacle en néerlandais, surtitré en français. Durée : 4h30 avec entracte.
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