Le Nederlands Dans Theater 1
Trois raisons de se réjouir avec trois pièces [...]
Une rencontre chorégraphique historique et contemporaine, entre passé et présent, à ne pas manquer, avec trois pièces courtes entre créations et réinterprétations de l’œuvre originale supposée.
Jeux est une nouvelle recréation par Dominique Brun de l’œuvre de Nijinski, sachant que la chorégraphe s’était déjà attaquée au Sacre du printemps, et surtout à L’Après-midi d’un Faune, dans une reconstitution magistrale. Mais contrairement à ce dernier, qui avait été entièrement noté par Nijinski lui-même, il ne reste de Jeux créée en 1913 par Debussy et Nijinski − deux semaines avant le célèbre Sacre – que sept pastels de Valentine Gross-Hugo. D’où ce sous-titre : « étude pour sept petits paysages aveugles ». Néanmoins, la chorégraphe connaît par cœur l’écriture nijinskienne et surtout, a étudié ses intentions dans le détail. Du coup, cette recréation porte la marque de sa genèse.
Troubles nocturnes
La pièce initiale, première création de Debussy pour les Ballets russes, mixait des figures de la danse classique et celles du tennis ou du golf. L’argument précisait : « Dans un parc, au crépuscule, une balle de tennis s’est égarée. Un jeune homme, puis deux jeunes filles, s’empressent à la rechercher… ». Mais, surtout, on sait qu’il voulait au départ construire un trio d’hommes – dont l’homosexualité affichée aurait trop choquée son époque. Dominique Brun a eu l’idée de doubler le trio initial et de faire porter indistinctement des habits d’homme ou de femme à chacun des interprètes. Du coup, ces chassés-croisés nocturnes dont les jeux n’ont rien d’innocent délivrent un délicieux trouble érotique, tel que Nijinski l’avait imaginé et voulu. Le ballet mené sur un rythme plutôt rapide, jouant sur la disparition, est un petit bijou, au charme un peu suranné, mais au parfum entêtant.
Agnès Izrine
à 20h30. Tél. : 01 41 83 15 20. Durée 1h00. Spectacle vu le 22 octobre à La Philharmonie de Paris.
Trois raisons de se réjouir avec trois pièces [...]