Duke Orchestra : nouveau programme « Duke Ladies »
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Pianiste, compositeur, chef d’orchestre et créateur de projets musicaux volontiers transversaux, Jean-Marie Machado n’arrête jamais de recomposer les paysages dans lesquels il inscrit sa musique. Dans sa proche actualité émerge un nouveau quartet, Majakka, composé de Vincent Ségal, Keyvan Chemirani et Jean-Charles Richard, tandis que sa grande formation Danzas vient de s’enrichir d’un nouveau programme, L’Amour Sorcier, en forme de variations musicales et chorégraphiques autour du chef-d’œuvre de Manuel De Falla.
Dans le paysage de la musique improvisée, vous avez créé une formule, souvent désignée par le mot « jazz de chambre »…
Jean-Marie Machado : Depuis le trio Machado, en 1986, c’est un sillon que je creuse obstinément. On pourrait y ajouter la dimension latine, voire orientale, qui se retrouve dans de nombreux projets que j’ai pu mener. Mon grand ensemble Danzas est un bel exemple d’aboutissement de cette démarche.
Comment situer les solos dans cette démarche ?
Jean-Marie Machado : Le solo est l’un des rares endroits où l’on va au plus profond de l’âme du musicien, de sa pensée. C’est pourquoi j’ai baptisé le premier solo de mon récent disque Pictures for Orchestra, Minhas Tres Almas. Je suis aujourd’hui débarrassé des histoires de langages et de styles, pour me poser la seule question qui vaille : quelle humanité entend-on dans telle ou telle musique ? En solo, il n’y a plus de barrière, c’est un souffle qui parle directement au cœur. Avec plusieurs musiciens, il y a forcément une mise en scène, une distribution de rôles, des sensibilités qui s’accordent et s’entendent. C’est le cas dans mon quartet Majakka, qui révèle des pièces travaillant sur des états, des émotions, et ne s’attachant pas à un genre, un style, des choses auxquelles on croit quand on est plus jeune.
Etre hors limite a l’inconvénient de limiter la diffusion de votre musique dans un premier temps…
Jean-Marie Machado : Je ne me sens pas hors limite… Je poursuis ma route, dans un système sectorisé qui peine à « ranger » des projets d’ordre plus poétique, des projets hybrides, transversaux, qu’il voudrait étiqueter à tout prix. Cela n’a pas empêché les auditeurs d’apprécier mon langage et ma musique, qui a su s’imposer au fil du temps.
Et finalement la mélodie demeure le cœur…
Jean-Marie Machado : Le sens mélodique est un pivot dans mon écriture, même si j’utilise encore ça et là des masses orchestrales dont la puissance a aussi un fort pouvoir d’évocation. Les plus grands musiciens de free sont aussi de formidables mélodistes. Là encore, il ne faut pas se « limiter ». J’ai toujours aimé cette liberté, qu’incarnent autant un Bach qu’un Ornette Coleman.
C’est aussi cette forme sans contrainte que vous explorez dans différents duos…
Jean-Marie Machado : Si l’on tient aux petites cases, André Minvielle n’était pas « fait » pour me rencontrer, et c’est évidemment cela qui nous a plu. Dans le cas du duo avec Didier Ithursarry, il est le résultat d’une entente pas si évidente entre le piano et l’accordéon, une relation qui s’est construite au sein de l’orchestre Danzas. C’est cette entité étonnante qu’on a extraite au bout d’une dizaine d’années pour en faire un projet à part entière.
Vous avez trouvé dans le Centre des Bords de Marne au Perreux sur Marne une plate-forme pour vos projets…
Jean-Marie Machado : Il se trouve que j’habite cette ville et que Michel Lefeivre, le directeur de ce lieu, est l’un de ceux qui a programmé mon premier trio il y a plus de trente ans ! En fait, sur sa demande, je l’ai aidé à élaborer une saison « jazz », au pluriel. D’Alain Jean-Marie à Vincent Courtois, mais aussi avec de jeunes musiciens. En mars 2020, nous présenterons la troisième édition d’un festival sur trois jours. Tous les jazz seront là. C’est l’aboutissement d’une collaboration de douze ans, qui vise à faire de ce théâtre un lieu de création où les musiciens se sentent chez eux.
Propos recueillis par Jacques Denis
Lors de ce concert exceptionnel, Machado décline trois de ses formules de concerts, de la plus ancienne et naturelle, le solo, qu’il pratique depuis trente ans sur scène, à la fois en héritier des maîtres du jazz et de la grande pianiste classique Catherine Collard dont il fut l’élève, à formule toute nouvelle de son Majakka Project. Entre les deux, il reprend le fil poétique de son dialogue libre, intense et lyrique avec l’accordéoniste Didier Ithursarry.
Jean-Luc Caradec
https://youtu.be/1S2q4irafrI
Jean-Marie Machado sur la Scène Sacem Jazz
du Lundi 13 janvier 2020 au Lundi 13 janvier 2020
PAN PIPER
2-4 impasse Lamier, 75011 Paris
à 20h. Tél. 01 40 09 41 30. Places : 24 €.
ET AUSSI : Concerts Majakka Project, avec Vincent Ségal, Keyvan Chemirani et Jean-Charles Richard.Le 14 mars au Centre des Bords de Marne du Perreux sur Marne (94), le 4 avril au Moulin à Jazz de Vitrolles (83) et le 17 septembre au Festival les Émouvantes à Marseille (13).
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