Cycle Schumann / Kyburz
Musique romantique et contemporaineBach et [...]
Directeur du Théâtre de la Croix-Rousse, Jean Lacornerie met en scène, en association avec l’Opéra de Lyon, Mesdames de la Halle de Jacques Offenbach – une opérette tombée dans l’oubli.
« C’est de la musique faite pour le théâtre ! »
Quel rapport entretenez-vous avec l’œuvre d’Offenbach ?
Jean Lacornerie : En 2007, j’ai eu l’occasion de monter un spectacle mêlant différents extraits d’œuvres d’Offenbach, axé sur des thématiques précises, notamment le langage et la nourriture. Je me suis rendu compte, à ce moment-là, que la musique d’Offenbach est extrêmement riche et bien plus complexe qu’on ne le pense. C’est de la musique faite pour le théâtre ! Malheureusement, on a tendance à cantonner ce compositeur toujours aux mêmes titres.
Pourquoi avoir exhumé Mesdames de la Halle ?
J.L. : Mesdames de la Halle a été écrit juste avant Orphée aux enfers et a été éclipsé par le succès de cet opéra. Le sujet est pourtant passionnant : Offenbach met en scène les personnages du marché des Halles à Paris. C’est l’une des rares fois où des personnages populaires sont à l’honneur à l’opéra. Par ailleurs, le compositeur a imaginé un renversement atypique, puisque les dames sont jouées par des hommes. Un carnaval étrange… Ce qui m’a intéressé dans cet ouvrage, c’est notamment la reconstitution du parler populaire. Offenbach fait sonner cette langue de manière absurde. Comme il s’agit d’un ouvrage relativement court, en un acte, j’ai imaginé un prologue avec des textes de Zola et de Maxime Du Camp sur la vie des Halles. Il faut savoir que, lorsque Offenbach compose cet opéra, le chantier des Halles Baltard a commencé depuis six ans, créant un énorme trou au milieu de Paris.
Quelle scénographie avez-vous imaginé pour ce spectacle ?
J.L. : J’ai recréé un théâtre avec des cageots et des bâches, les costumes sont faits avec des poireaux, des blettes… Avec les chanteurs, nous irons d’ailleurs donner quelques happenings sur le marché de la Croix-Rousse, situé juste à côté de notre théâtre. Pour autant, il ne faut pas l’oublier, les dames de la Halle revendiquent un certain statut. A l’occasion de l’anniversaire de Napoléon, elles avaient d’ailleurs fait construire une grande salle de bal sur le marché.
Dans cet opéra interviennent des chanteurs du Nouveau Studio de l’Opéra de Lyon et des instrumentistes du CNSM de Lyon. Peut-on parler de spectacle pédagogique ?
J.L. : Ce sont des jeunes musiciens très bien formés, au seuil de leur carrière. Le ténor Jean-Paul Fouchécourt assure la direction musicale du spectacle et remplit les fonctions de coach pour les chanteurs : il les fait travailler sur le style, la diction propre à la musique d’Offenbach.
Vous dirigez le Théâtre de la Croix-Rousse depuis septembre dernier. Quel est, sur le long terme, votre projet pour cet établissement ?
J.L. : Je souhaite faire du Théâtre de la Croix-Rousse un théâtre musical audacieux et éclectique, avec des opérettes, des comédies musicales, des créations… C’est un champ encore neuf en France. La saison prochaine, nous monterons notamment Broadway Melody, Le Roi et moi d’Oscar Hammerstein et Richard Rodgers, ainsi que, en lien avec l’Opéra de Lyon, L’Empereur de l’Atlantide de Viktor Ullmann, dans une mise en scène de Richard Brunel – parmi beaucoup d’autres propositions.
Propos recueillis par Antoine Pecqueur
Du 2 au 15 mai. Théâtre la Croix-Rousse, 69004 Lyon. Tél. 04 72 07 49 49. Places : 30 €.
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