La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien

Jean Deroyer

Jean Deroyer - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 juin 2008

Une passion pour la création

Il n’a que vingt-huit ans mais est déjà invité à diriger les plus grandes formations françaises, de l’Orchestre de Paris à l’Ensemble Intercontemporain. Sa spécialité : la musique contemporaine.

 « En dirigeant, il faut mélanger les informations techniques et subjectives. »
 
Comment en êtes-vous venu à vous spécialiser dans la musique contemporaine ?
 
Jean Deroyer : J’ai commencé le métier en entrant, il y a cinq ans, à l’Ensemble Intercontemporain comme chef assistant. Mais ma passion pour la création remonte bien plus loin. Ma première envie était de composer et c’est ce que j’ai fait jusqu’à l’âge de seize ans. Pour autant, je ne suis pas spécialisé uniquement dans le répertoire contemporain. Je suis un grand fanatique de Mahler et de Bruckner, par exemple. Pour les deux prochaines années, je vais diriger deux tiers de musique contemporaine et un tiers de grand répertoire.
 
Est-ce que la création contemporaine demande une gestique de chef particulière ?
 
J.D. : On n’a pas la même impression physique en dirigeant du contemporain que du Mozart. Si dans Mozart, les musiciens peuvent jouer tout seuls, dans le contemporain, il faut assurer un contrôle permanent. Les instrumentistes ont toujours un œil sur le chef pour savoir où ils sont. Ce qui me semble capital dans le contemporain, c’est de ne pas parler seulement de justesse et de tempo mais aussi de caractère ou d’ambiance. En dirigeant, il faut mélanger les informations techniques et subjectives.
 
Quelles sont les esthétiques musicales actuelles qui vous attirent ?
 
J.D. : J’ai eu la chance de beaucoup travailler avec Pierre Boulez. Je prends un réel plaisir à diriger sa musique, dont le phrasé permanent est très expressif. J’aime également la musique de Yann Maresz que je trouve rythmique et réjouissante, ainsi que celle d’Hanspeter Kyburz, utopique mais géniale. J’essaie aussi de programmer Lutoslawski, dont chaque œuvre raconte une histoire, toujours dramatique.
 
Agé de moins de trente ans, vous avez déjà dirigé un grand nombre d’orchestres. De quelle qualité doit-on faire preuve pour se faire accepter par ces formations ?
 
J.D. : Dans chaque orchestre, on trouve des mentalités différentes. Mon travail consiste à établir une relation de confiance avec les musiciens. Je veux qu’ils soient contents de jouer un programme qui parfois pouvait les rebuter au départ. Mais c’est vrai qu’à vingt-huit ans, je n’ai pas forcément l’expérience de mes aînés. Les orchestres ont parfois plus joué la partition que je ne l’ai dirigée ! Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de trouver un poste permanent. Après avoir dirigé en tant que chef invité depuis six ans, je souhaite programmer une saison et être vraiment investi dans le fonctionnement d’un orchestre.
 
Propos recueillis par Antoine Pecqueur


Mardi 10 juin à 20h à l’Espace de projection de l’Ircam, avec l’Ensemble Court-circuit. Oeuvres de Raphaël Cendo (Décombres) et Pierre Jodlowski (De Front) et créations d’Andrea Cera et Ondrej Adamek. Tél. 01 44 78 12 40.

A propos de l'événement


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