La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Je suis Voltaire…

Je suis Voltaire… - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l'Epée de bois
Crédit photo : Margot Simonney

Théâtre de l’Épée de Bois / Je suis Voltaire / texte et mes Laurence Février

Publié le 21 février 2017 - N° 252

S’inspirant des textes et de la vie de Voltaire, Laurence Février imagine et met en scène un conte philosophique contemporain qui interroge la persistance de l’idéal de tolérance et de l’esprit de résistance du phare des Lumières.

Pourquoi Voltaire ?

Laurence Février : Je ne connaissais pas le Traité sur la tolérance. Après les attentats de janvier, j’ai découvert la photo de Xavier Testelin : ce livre au milieu des fleurs, place de la République, en hommage aux victimes. « Je suis Voltaire » est en écho à « Je suis Charlie ». Tout part de là : la question que pose ce spectacle est celle de la survivance de cet esprit voltairien qui nous accompagne sans que nous le connaissions vraiment. Que reste-t-il en nous de Voltaire ? J’ai imaginé des personnages d’aujourd’hui qui se poseraient cette question.

Comment ce spectacle est-il né ?

  1. F. : Avec une cinquantaine de comédiens, j’ai d’abord mené six mois d’atelier pour redécouvrir toute l’œuvre de Voltaire. Après, il s’est agi de déterminer comment faire. Les textes des contes sont superbes, mais on les a déjà adaptés. Le Traité sur la tolérance est difficile à mettre en scène. J’ai alors imaginé une fiction. Une journaliste – qui est un peu mon double – part à la recherche de Voltaire. La première partie du spectacle s’organise autour de la figure d’Emilie du Châtelet, et de l’amour fou, fait de joie, de bonheur et de science, qui l’unissait à Voltaire. La seconde partie est centrée sur le combat contre le fanatisme et pour la tolérance.

Pourquoi Emilie du Châtelet ?

  1. F. : Emilie et Voltaire forment un couple mythique. Elle était une mangeuse d’hommes, qui croquait tous les savants avec lesquels elle travaillait. C’était une femme extraordinaire, qui n’est pas reconnue à sa juste valeur. Elle lisait couramment le latin, comprenait les algorithmes et traduisait Newton, et, le soir venu, faisait du théâtre et chantait de l’opéra. Voltaire dit d’elle qu’elle lui a appris à penser, et il est évident que, sans elle, il ne serait pas devenu le Voltaire de la deuxième partie de sa vie, celui du combat pour la tolérance.

Quels sont les personnages ?

  1. F. : Ils sont six au plateau : la journaliste, qui commence par converser avec Emilie du Châtelet, avant qu’une jeune fanatisée ne pénètre dans la salle. En m’inspirant de ce qui se passe au Danemark, où des tuteurs volontaires aident les jeunes revenus de Syrie à se déradicaliser, j’ai imaginé un professeur émérite qui tente de convaincre cette jeune femme de se sauver par le savoir et la culture. Il y a aussi un ange féminin, du nom d’Ezéchièle (souvenir du Monde comme il va) et un jeune historien franco-algérien, qui veut traduire tout Voltaire en arabe. Je me suis inspirée des contes voltairiens pour inventer ces personnages.

Quid de la survivance de l’esprit voltairien ?

  1. F. : Je laisse le débat ouvert. Je crois que c’est une question individuelle. J’espère que ce spectacle donnera surtout envie de lire Voltaire, mais je ne donne pas de réponse. Je préfère lui laisser le dernier mot…

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Je suis Voltaire…
du mercredi 22 mars 2017 au jeudi 9 mars 2017
Théâtre de l'Epée de bois
Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris, France

Du 22 mars au 9 avril 2017. Du mardi au samedi à 20h30 ; samedi et dimanche à 16h. Tél. : 01 48 08 39 74.

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