La solitude de l’être face au chaos du monde
Opérette, show télévisé et tragédie : Nicolas [...]
La mezzo-soprano Sophie Leleu propose un spectacle autour des mélodies de Kurt Weill, mais aussi de celles de Prévert et Kosma.
Avec l’Opéra de quat’sous, et même avec Mahagonny, qui a l’envergure du grand opéra, Kurt Weill a transporté l’art du cabaret sur les scènes lyriques. Les airs tirés de ces deux œuvres – mais également de Happy End ou, beaucoup plus rare, de la musique de scène de Marie Galante – se prêtent bien à l’exercice du tour de chant, l’accompagnement au seul piano (Alvise Sinivia ou Satoshi Kubo en alternance) y trouvant la vertu d’une expression encore plus crue. Ces « scènes chantées de la vie quotidienne » peuvent s’accommoder de maints scénarios. Celui que proposent Sophie Leleu et la Compagnie des Lieux et des Êtres est une mise en abyme où peut en filigrane se lire le parcours de Kurt Weill et Lotte Lenya, son épouse, son interprète. Entre les deux, l’esprit de l’entre-deux-guerres, du Berlin bientôt fui au Paris de Prévert et Kosma. « J’ai depuis toujours aimé ce répertoire pour sa folie offrant la possibilité d’exprimer une grande palette d’émotions extrêmes : amour, souffrance, déchirement, espoir transfigurant l’âme humaine. J’ai voulu allier la force expressionniste de la musique de Kurt Weill avec la douceur et la poésie humaniste des chansons de Kosma/Prévert… Alors que Weill parle aux tripes, Prévert chante aux cœurs » confie cette remarquable jeune mezzo française applaudie en soliste la saison dernière sur la scène du Théâtre du Châtelet dans l’opéra Nixon in China de John Adams mis en scène par Chen Shi-zheng.
J.-G. Lebrun
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