Les Safra’numériques, un festival dirigé par Ikbal Ben Khalfallah
Dirigée depuis 2015 par Ikbal Ben Khalfallah, [...]
La violence du monde, chez Lazare, s’exprime toujours dans un foisonnement de poésie, de musique et de mots. Construit autour d’une figure de poète incompris, Je m’appelle Ismaël peine hélas à rendre partageable ses élans.
La colère de Lazare, son amertume envers un présent qui ne vaut selon lui pas mieux que l’Histoire, avait jusque-là toujours eu une cible précise. Un moment autour duquel se cristalliser. Une date, une époque où s’appuyer pour se déployer ensuite en des chemins multiples. Au carrefour de plusieurs disciplines. Dans Au pied du mur sans porte (2010) c’était la crise des banlieues. La guerre d’Algérie dans Rabah Robert – Touche ailleurs que là où tu es né (2012), et enfin les attentats parisiens de 2015 dans Sombre rivière (2017). Dans Je m’appelle Ismaël, le point d’ancrage de la réflexion sur la brutalité du monde est plus flou. Incarné par Lazare lui-même – au cœur du film qui ouvre le spectacle et le ponctue, mais absent du plateau –, le personnage éponyme de la pièce évolue dans le Paris et le Bagneux de l’après-attentats, quelque part entre 2015 et aujourd’hui. Réalisateur autodidacte, sans budget, Ismaël est une sorte de clown. Un poète errant qui rappelle le personnage principal de Sombre rivière. Avec son projet de film de science-fiction complètement fantasque, il est le révélateur des injustices de l’époque. D’une méfiance généralisée qui est sans doute pour beaucoup dans sa disparition mystérieuse, suivie dans la pièce par le passage du cinéma au théâtre.
Un poète dans la ville
Comme toutes les pièces de Lazare, Je m’appelle Ismaël est traversée par des lignes de faille multiples. Par des identités qui se cherchent. À la frontière entre la réalité des artistes qui tentent de comprendre la personnalité et le message laissé par Ismaël et le scénario foutraque imaginé par celui-ci, la scène est un lieu de rencontres improbables. Un faux Christ (Thibault Lacroix, nouveau venu auprès de Lazare), par exemple, côtoie des hommes cérébralement modifiés par un certain Alain Melon, psychiatre qui cherche à vider l’être humain de toutes ses passions. Lesquels fraient aussi avec des extraterrestres chassés de leur planète « Somax » et parqués en périphérie urbaine. Interprétée par une troupe faite d’anciens complices de Lazare – Marion Faure, Olivier Leite du groupe La Rue Kétanou ou encore Anne Baudoux – et de nouveaux venus comme Thibault Lacroix et la violoncelliste Odile Heimburger, cette drôle de société est un incroyable laboratoire de formes et de récits alambiqués. Tous prometteurs à leur naissance, ces derniers se mêlent hélas assez vite au point de perdre leurs contours. Le soir de la première au Théâtre National de Strasbourg, les trois heures de représentation ont fini par en avoir raison.
Anaïs Heluin
lundi, jeudi et vendredi à 20h, samedi à 18h, dimanche à 16h. Tél. : 01 41 32 26 26. www.theatre2gennevilliers.com. Également le 3 mai au Liberté, Scène nationale de Toulon, du 4 au 8 juin au Théâtre de la Ville – Paris… Vu le 27 février 2019 au Théâtre National de Strasbourg.
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