La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre de De Chloé Lacan, mise en scène de Nelson-Rafaell Madel

J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre de De Chloé Lacan, mise en scène de Nelson-Rafaell Madel - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de Belleville
© PUK – Samia Hamlaoui

De Chloé Lacan / Mes Nelson-Rafaell Madel

Publié le 21 février 2020 - N° 285

La chanteuse, comédienne et musicienne Chloé Lacan évoque dans J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre son rapport à Nina Simone, depuis l’adolescence jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte. Accompagnée du multi-instrumentiste Nicolas Cloche et mise en scène par Nelson-Rafaell Madel, elle mêle théâtre et musique pour parler de la place des artistes dans nos vies.

Après votre expérience au sein du groupe La crevette d’acier, vous créez un spectacle solo, Plaisirs solitaires (2010), et Ménage à trois (2014) où la musique est centrale. Avec J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre, vous vous rapprochez du théâtre. Pourquoi ?

Chloé Lacan : Avant de me tourner vers la musique en découvrant l’accordéon à l’âge de vingt ans, j’étais surtout attirée par le théâtre. Je me suis formée, et j’ai pratiqué au sein de compagnies que j’ai créées. J’ai gardé de cette expérience un goût prononcé pour le jeu. Je suis une chanteuse qui se donne des rôles. C’est une proposition du conteur Yannick Jaulin pour son festival Le Nombril du Monde en 2018 qui est à l’origine de J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre. Il m’a fait repenser à mon amour d’adolescente pour Nina Simone, et j’ai commencé à écrire. Très vite, j’ai fait appel au metteur en scène Nelson-Rafaell Madel, dont j’apprécie beaucoup le travail et qui m’a sortie de ma zone de confort.

Travailler avec Chloé Lacan vous a-t-il vous aussi déplacé par rapport à vos créations personnelles ?

Nelson-Rafaell Madel : Je suis moi aussi depuis longtemps le travail de Chloé, dont j’aime l’humour, le sens du décalage et de l’absurde de situation. J’ai donc accepté sans hésiter de l’accompagner dans cette aventure. Avec d’autant plus de plaisir que si Chloé est une chanteuse et musicienne portée vers le théâtre, je suis un comédien et metteur en scène amoureux de musique. Mais il est vrai que je n’avais jamais eu un rapport si proche avec des musiciens. Ce fut un travail passionnant.

« Nous mettons en présence deux colères sans chercher à les hiérarchiser. » Nelson-Rafaell Madel

 « Je raconte comment la découverte de Nina Simone m’a bouleversée à l’adolescence. » Chloé Lacan 

De quelle manière avez-vous fait dialoguer Nina Simone et sa jeune admiratrice des années 80 ?

C.L. : Par nos vies autant que par nos voix, Nina Simone et moi sommes très éloignées. J’ai voulu travailler sur cette distance, et questionner aussi ce qui, à un moment donné, l’abolit. Avec mon accordéon, mon ukulélé et ma voix, accompagnée du musicien multi-instrumentiste Nicolas Cloche, complice de longue date, je raconte comment la découverte de Nina Simone m’a bouleversée à l’adolescence. Comment sa colère est venue remuer la mienne. À ma manière, j’essaie de faire avec l’univers de Nina Simone ce qu’elle a fait avec les nombreux morceaux qu’elle a repris : je le fais passer par le filtre de mon intimité.

N-R. M. : Nous mettons en présence deux colères sans chercher à les hiérarchiser. La Nina Simone de Chloé Lacan est largement fantasmée, ce qu’il était intéressant d’exprimer sur scène. Chloé et Nicolas sont alors un peu comme des enfants qui jouent avec des histoires. Nous avons inventé une forme qui tient autant du concert que du théâtre, un récit musical qui permet de dire le passage de l’enfance à l’âge adulte. Dans mon travail personnel, l’idée de créolisation, de mélange des cultures, est centrale ; je la retrouve dans J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre, mais l’exprime différemment. Au service de la belle musicalité de Chloé Lacan et Nicolas Cloche.

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre de De Chloé Lacan, mise en scène de Nelson-Rafaell Madel
du mardi 3 mars 2020 au mardi 31 mars 2020
Théâtre de Belleville
16 passage Piver, 75011 Paris

les dimanches à 20h30, et les lundis et mardis à 19h15. Tel : 01 48 06 72 34. www.theatredebelleville.com

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