La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2015 - Entretien Fabrice Lambert

Jamais assez

Jamais assez - Critique sortie Avignon / 2015 Avignon Gymnase du Lycée Aubanel
Crédit : Bruno Moinard Légende : Dix danseurs physiquement très engagés chorégraphiés par Fabrice Lambert.

Gymnase du lycée Aubanel / Chorégraphie Fabrice Lambert

Publié le 26 juin 2015 - N° 234

Onkalo : le nom d’un chantier pharaonique conçu en Finlande pour enfouir durant 100 000 ans des déchets nucléaires. Des échelles d’espaces et de temps dont Fabrice Lambert s’empare.

Il y a l’histoire très concrète d’Onkalo qui sous-tend ce travail. Mais, à l’intérieur de votre démarche, est-ce que tout cela n’est pas un prétexte ?

Fabrice Lambert : Nommer ces travaux titanesques, et s’appuyer sur un fait complètement réel comme point de départ, c’est peut-être une chose nouvelle pour moi, à laquelle  je mêle une réflexion sur la réalité à travers des questions plutôt mythologiques. C’est en concentrant ma recherche sur les mythologies du feu qu’est arrivé le documentaire de Michael Madsen, Into Eternity, sur Onkalo, qui pouvait retraduire un fait mythologique au présent. J’ai donc eu envie de citer Onkalo comme un point de départ pour l’incorporer physiquement, et pour pouvoir nous projeter et explorer des questions de temporalités, d’énergies, à travers une réalité.

« Cette pièce va essayer de raconter la valeur du présent, et le danger du présent. »

D’autres sources sont-elles venues nourrir les danseurs ?

F. L. : C’est un projet à deux jambes. L’histoire d’Onkalo est une des deux jambes, et l’autre s’appuie sur  les mythologies, avec Prométhée, dont le nom signifie prévoyance. C’est ce Titan qui a transmis aux hommes le savoir, les arts, et qui leur a donné le feu. La pièce se situe entre Prométhée et Onkalo. C’est un état d’engagement physique et mental très important dans mon travail, qui allie puissance et limite de soi. La transmission de mon vocabulaire passe par exemple par un travail sur les surfaces du corps, les différentes couches, musculaires, osseuses, organiques. On rejoint ici Onkalo, par le fait d’enfouir quelque chose et de passer au travers de couches. Ou par des situations qui naissent autour de motifs spatiaux comme le moebius, une forme en perpétuel mouvement rotatif sur le plateau, ou par des formes entre la ronde et la farandole.

Malgré votre écriture abstraite, compte tenu de l’actualité (Fukushima, le prochain sommet climatique en France…), y a-t-il une portée politique dans ce travail ?

F. L. : Il y a quelque chose de politique dans ce travail parce qu’il explore la question de la durabilité des choses et des êtres. Mais je ne me situe pas sur un terrain politique. Cette pièce va essayer de raconter la valeur du présent, et le danger du présent, en une sorte d’expérimentation intense où la projection d’un futur ne se joue qu’en fonction d’une pratique du présent.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Jamais assez
du lundi 13 juillet 2015 au vendredi 17 juillet 2015
Gymnase du Lycée Aubanel
14 Rue Palapharnerie, 84000 Avignon, France

Festival d’Avignon

à 18h. Tél. : 04 90 27 66 50.

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