La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Jacques Vincey réactionne la fonction citoyenne du théâtre dans « La Fin du courage » de Cynthia Fleury

Jacques Vincey réactionne la fonction citoyenne du théâtre dans « La Fin du courage » de Cynthia Fleury - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l’Atelier
Jacques Vincey © Julien Pebrel / Agence MYOP

Théâtre de l’Atelier / d’après l’essai de Cynthia Fleury / lecture mise en scène par Jacques Vincey

Publié le 17 décembre 2025 - N° 339

Comment tenir dans un monde en tension ? Six duos d’actrices se relaient pour incarner les deux personnages imaginés par Cynthia Fleury pour porter son essai à la scène. Jacques Vincey les dirige.

Comment ce projet est-il né ?

Jacques Vincey : Ce projet est d’abord celui de Cynthia Fleury. Son essai éponyme, paru en 2010, a connu un vif succès. Dans cet élan, elle a souhaité aller au-devant d’un public qui, spontanément, ne lit pas de philosophie. Afin de faciliter l’accès à sa pensée, elle l’a adaptée sous la forme d’un dialogue philosophique, de manière à « mettre en joute deux visions du courage, deux formes de négociation avec le monde et ses insuffisances ». Cet essai est devenu dialogue et théâtre. L’histoire de cette adaptation est aussi celle de la rencontre entre Cynthia Fleury et Isabelle Adjani, fine lectrice et grande admiratrice de cette auteure. Une première lecture avec Laure Calamy, initiée par Valérie Six, a donné lieu à quelques représentations à la Scala en 2020. Les productrices Claire Béjanin et Valérie Six se sont alors mises d’accord avec Rose Berthet, directrice du Théâtre de l’Atelier, pour déployer plus largement cette adaptation pendant sept semaines, avec l’idée très belle que le duo initial se réplique : trois duos d’actrices succèdent à Isabelle Adjani et Laure Calamy pour prendre en charge l’adaptation pendant deux mois.

« La forme du spectacle invite chacun à résister au découragement et à s’interroger sur sa propre capacité à agir. »

Comment porter la philosophie au plateau ?

J.V. : Le spectacle se déploie entre représentation et performance. Les actrices gardent le texte en main, l’enjeu étant qu’elles se saisissent de cette pensée, en lui prêtant un corps, une voix, une sensibilité qui la font résonner au diapason de leurs singularités respectives. Il y a une force dans la fragilité de l’exercice et, derrière les actrices, des femmes dont l’engagement personnel est très important. Par analogie avec la peinture, on pourrait dire que la puissance et la légèreté de l’esquisse recèle parfois plus de force que le tableau achevé, dans la mesure où elle place le spectateur devant la responsabilité de prolonger le geste initial. Il est question, dans ce texte, de la crise morale et politique actuelle, dont nous sommes tous terriblement conscients. La forme du spectacle réactive la fonction citoyenne du théâtre. Elle invite chacun à résister au découragement et à s’interroger sur sa propre capacité à agir. L’actualité rend ce texte plus brûlant que jamais. Mais cette adaptation n’oublie pas la légèreté, l’humour, le rire, qui permettent de se confronter à la réalité et de considérer les idées comme une arme qui ne tue pas, mais au contraire rend plus fort.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

La Fin du courage
du samedi 17 janvier 2026 au dimanche 8 mars 2026
Théâtre de l’Atelier
1, place Charles-Dullin, 75018 Paris

Avec les duos : Isabelle Adjani et Laure Calamy, du 17 au 25 janvier 2026 ; Emmanuelle Béart et Sarah Suco, du 28 janvier au 1er février ; Emmanuelle Béart et Sophie Guillemin, du 3 au 8 février ; Isabelle Carré et Sophie Guillemin, du 11 au 22 février ; Lubna Azabal et Sophie Guillemin, du 25 au 27 février ; Lubna Azabal et Rosa Bursztein, du 28 février au 7 mars.

Du mardi au dimanche ; horaires variables.

Durée : 1h15.

Tél. : 01 46 06 49 24.

Site pour les horaires : www.theatre-atelier.com

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