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Après son solo-performance L'Idéal féminin [...]
Le collectif Das Plateau s’empare d’Il faut beaucoup aimer les hommes, roman de Marie Darrieussecq ouvrant sur les champs et les contrechamps d’une histoire d’amour entre une femme blanche et un homme noir. La metteure en scène Céleste Germe nous parle de ce projet entre théâtre, littérature, musique et cinéma.
« Il faut beaucoup aimer les hommes est une histoire d’amour entre une femme blanche et un homme noir. Une histoire déséquilibrée, qui se passe à Los Angeles : Solange est subjuguée par Kouhouesso, mais lui est occupé par un grand projet, adapter au cinéma Au cœur des ténèbres, de Joseph Conrad. Cette adaptation est, pour lui, un geste politique, à travers lequel il prend la parole – à Hollywood, dans cet endroit où se fabriquent les stéréotypes qui irriguent le monde – en tant qu’homme noir. Ce roman est traversé par la question du tragique contemporain, qui est une question centrale dans le travail de notre collectif. Une question qui creuse la relation entre des choses extrêmement intimes (l’amour, le couple…) et la grande Histoire qui touche, ici, à la colonisation, à l’esclavage. Ce qui revient, en explorant ce lien entre microcosme et macrocosme, à se demander comment le théâtre peut, aujourd’hui, à travers l’expression de ce rapport d’échelle, parler des douleurs et des bonheurs de notre monde.
Mettre en scène le regard blanc porté sur l’Afrique
Comme toujours, il y a chez nous, pour cette nouvelle création, le désir de travailler sur un grand nombre d’outils théâtraux : les mouvements scénographiques, la machinerie, le son, la musique, qui est fondamentale, la lumière, le cinéma… L’une des grandes questions du roman de Marie Darrieussecq est de caractériser le regard blanc qui est porté sur l’Afrique. Car à travers son amour, Solange découvre un monde, un continent qu’elle ignorait jusque-là complètement. Et pour nous, il était très important de mettre en scène ce regard, de faire en sorte que l’Afrique soit présente concrètement sur le plateau. Nous sommes donc allés au Cameroun, sur les pas des personnages, et avons filmé les lieux évoqués dans le roman. Il y a un rapport très fort, dans notre spectacle, entre la littérature et les paysages. Ce qui nous a amenés, bien sûr, à questionner la ligne de tension entre ce qui est de l’ordre de la fiction et tout ce qui lui échappe : l’abstraction, les gouffres de l’absence existentielle, de la dépossession de soi, de l’appropriation de soi par l’autre… »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
Les mardis et mercredis à 19h ; les jeudis, vendredis et samedis à 20h. Relâches les dimanches et lundis, ainsi que le mercredi 5 octobre. Représentations exceptionnelles le lundi 19 septembre et le dimanche 2 octobre à 20h. Texte publié aux Editions P. O. L. Durée : 1h50. Tél. : 01 42 55 55 50. www.theatre-ouvert.com
Egalement le 18 novembre 2016 au Pôle culturel d’Alfortville et le 26 novembre à la Ferme du Buisson.
Après son solo-performance L'Idéal féminin [...]