Guillaume Barbot présente « Art majeur » qui vise à ausculter le rapport à la chanson
Avec Art majeur, Guillaume Barbot met son [...]
Adapté du roman autobiographique de Constance Debré, Nom porte sur scène la voix d’un nihilisme contemporain. Un texte aux accents nietzschéens qui concentre réticences et réflexions via son personnage clivant.
Paru il y a deux ans, Nom a séduit Hugues Jourdain, le metteur en scène, et Victoria Quesnel, son unique interprète. Le souffle de liberté, le courage de tout renverser – les structures familiales, sociales, la littérature et même le sacro-saint amour –, rien ne reste debout hors la beauté dans ce texte/geste de Constance Debré. Roman autobiographique d’une femme issue de la grande bourgeoisie parisienne (son patronyme ne vous est pas familier pour rien), mariée, un fils, un boulot d’avocat pénaliste, qui envoie tout balader la quarantaine venue pour se mettre à écrire et vivre au plus près de son désir, l’aventure est radicale et veut se poser en exemple. Dans Nom, le personnage très inspiré de l’autrice se met la boule à zéro. Du passé, il ne fait cependant pas totalement table rase, accompagnant son père atteint d’un cancer jusqu’à la mort. Le récit donne l’occasion d’une épiphanie finale où le doute revient. Et si la famille… Pour mieux s’en débarrasser.
La beauté est peut-être à ce prix-là
Ainsi parlait Constance Debré. Son texte dit vouloir dessiner une figure de héros moderne en quête de beauté – et de vérité – par-delà le bien et le mal, fût-elle convulsive, ou plus simplement dionysiaque pour filer ses accents nietzschéens. Via la figure de l’avocate, on pense d’abord à La Chute de Camus. Sur un plateau quasi nu, Victoria Quesnel endosse le rôle en superposant sa voix grave à un visage doux, la rage ou la colère froide à l’expression d’une fragilité intérieure, d’une sensibilité à fleur de peau. Son interprétation d’une grande qualité, même si elle dessine parfois trop les situations, fait vibrer un personnage mouvant, insaisissable, provocateur à s’en rendre détestable mais aussi capable de retour sur soi. Certainement, l’espace de 75 minutes est-il insuffisant pour en faire le tour si bien qu’on en saisit parfois difficilement les ressorts. Figure iconoclaste aux préoccupations de bourgeois, l’alter ego de Constance Debré prend en tout cas le risque de ne pas se faire aimer. La beauté est peut-être à ce prix-là. Mais convoquer Proust, fût-ce pour en dire du mal, Guyotat, Bacon ou Hölderlin revient aussi à employer la langue et les codes de ces milieux qu’on veut envoyer valdinguer. C’est l’impression que donne trop souvent son écriture. En même temps la question de la filiation, dont le personnage veut s’affranchir, – plutôt que d’y faire le tri – est une proposition qui fait levier de liberté. Certes. Ébouriffante et qui stimule la réflexion. Oui. Et d’une violence qui oblige à se dépasser. Dans laquelle le personnage, finalement, fascine plus que ses idées.
Eric Demey
du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 19h, relâche le dimanche et le lundi. Tel : 01 44 95 98 21. Durée : 1h15.
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