La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Hôtel Feydeau

Hôtel Feydeau - Critique sortie Théâtre Paris THEATRE DE L’ODEON
Crédit : DR Légende : Le metteur en scène Georges Lavaudant.

Odéon – Théâtre de l’Europe / d’après Georges Feydeau / mes Georges Lavaudant

Publié le 28 décembre 2016 - N° 250

Feu la mère de madame, On purge bébé !, Léonie est en avance, Mais n’te promène donc pas toute nue !, Cent millions qui tombent : pour son retour sur le plateau du Théâtre national de l’Odéon, Georges Lavaudant (qui dirigea cette institution de 1996 à 2007) imagine une traversée des dernières comédies de Georges Feydeau.

Qu’est-ce qui caractérise, selon vous, la rupture radicale qui s’opère, à la fin de la vie de Georges Feydeau, lorsque ce dernier écrit les comédies en un acte dont vous vous emparez pour ce spectacle ?

Georges Lavaudant : Déjà, le fait même qu’il s’agisse de pièces en un acte est important. Elles sont moins amples, ont moins de personnages que les autres pièces de Georges Feydeau, sont centrées sur l’affrontement entre maris et femmes. Ce sont des pièces qui parlent de l’impossibilité des couples à se supporter. Bien sûr, elles sont plus noires, mais les saillies, les jeux de mots, les enchaînements de répliques sont toujours aussi explosifs. Dans ces pièces, le fond est noir, mais ce qui fait le bonheur de Feydeau est, d’une certaine façon, encore plus pur.

De quelle façon avez-vous construit ce montage de cinq pièces ?

G. L. : On ne joue pas ces pièces dans leur intégralité. Je me suis concentré sur les moments d’affrontements et d’humiliations à travers lesquels les couples se déchirent. La scatologie et les blagues à connotation sexuelle sont présentes à chaque détour de réplique. C’est obsessionnellement autour de ces choses-là que les fragments de pièces qui constituent Hôtel Feydeau s’articulent. Il y a donc huit personnages, quatre hommes (ndlr, interprétés par Gilles Arbona, Benoît Hamon, Manuel Le Lièvre et André Marcon) et quatre femmes (ndlr, interprétées par Astrid Bas, Lou Chauvain, Grace Seri et Tatiana Spivakova), qui sont les couples que l’on rencontre dans Feu la mère de madame, On purge bébé !, Léonie est en avance et Mais n’te promène donc pas toute nue !. Il y également un prologue et un épilogue, le prologue étant tiré de Cent millions qui tombent, une pièce de Feydeau restée inachevée.

« Tout le travail est de trouver une légèreté et un sourire intérieur, même dans ce qu’il y a de plus noir. »      

Qu’est-ce qui émerge de la mise en regard de ces pièces au sein d’une même représentation ?

G. L. : Souvent, lorsque ces pièces réunies par Feydeau sous le titre Du mariage au divorce sont mises en scène, on les voit en deux soirées, ou alors elles ne sont pas toutes représentées. Il m’a semblé intéressant de rassembler les quatre œuvres lors d’une même représentation, en passant par des effets d’accélération et de condensation. Hôtel Feydeau joue aussi d’enjambements, car les extraits de ces pièces ne sont pas présentés d’une seule traite. La confrontation de tous ces personnages et de toutes ces situations nous plonge dans les tréfonds à la fois du désespoir et du rire.

Quelles sont les caractéristiques de ces personnages qui vous intéressent particulièrement ?

G. L. : Il est difficile de parler de psychologie avec Feydeau. Les personnages évoluent peu dans ces pièces en un acte. D’entrée de jeu, ils sont à leur maximum de bêtise, de méchanceté, de médiocrité… Mais parallèlement à cela, tout le travail est de trouver une légèreté et un sourire intérieur, même dans ce qu’il y a de plus noir. Au sein de ces pièces, tout est dans l’art de la réplique. C’est le langage qui fait avancer la psychologie, et non l’inverse. C’est le fait de toujours vouloir avoir raison, de toujours vouloir avoir le dernier mot qui aboutit à des affrontements complètement absurdes. Des affrontements d’une grande drôlerie, bien que frôlant souvent le cauchemar.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Hôtel Feydeau
du vendredi 6 janvier 2017 au dimanche 12 février 2017
THEATRE DE L’ODEON
Place de l'Odéon, 75006 Paris, France

Du mardi au samedi à 20h, les dimanche à 15h. Relâche les lundis. Relâche exceptionnelle le 8 janvier. Durée du spectacle : 1h40. Tél. : 01 44 85 40 40. www.theatre-odeon.eu

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