Le Cirque contemporain en France
Un corps et des objets
Le corps circassien / témoignage
Publié le 11 novembre 2014A travers ses soli, Jeanne Mordoj interroge la féminité, les mouvements de la vie, le rapport au monde… Avec son corps comme instrument et des objets comme compagnons de jeu.
« La relation que j’entretiens avec mon corps et avec les corps étrangers est de plus en plus organique et sans détours. »
« Depuis bientôt 30 ans, la matière de mon travail passe par le corps et le rapport de ce corps avec les objets. Je n’ai pas vraiment l’impression de décider. En tant que soliste, les objets deviennent des compagnons de jeu. Mon corps s’adapte à eux dans l’instant, se met au service de leur rythme, de leur texture. J’aime ces métamorphoses. L’œuf, qui est mon grand partenaire, ne cesse de me surprendre tant il est vivant. A son contact, je me dois d’être au présent. Je dirais qu’avec le temps, la relation que j’entretiens avec mon corps et avec les corps étrangers est de plus en plus organique et sans détours.
Œuvrer au mariage entre maîtrise et abandon
En solo, dans le meilleur des cas – quand je consens à pleinement entrer dans cet autre monde qu’est le plateau, en étant libre de peurs – il y a une sorte de chimie qui s’opère dans le corps. C’est difficile à décrire, tout devient extrêmement vibrant, les sensations sont terriblement agrandies. On entre en contact avec une puissance qui nous dépasse et nous relie. C’est troublant. La question de la dualité entre performance et expressivité artistique est toujours là, en frottement. Comment œuvrer au mariage entre la maîtrise et l’abandon ? Certaines recherches ne peuvent, ni ne doivent, être données à voir. En restant dans l’ombre, elles nourrissent la performance, lui apportent densité et profondeur. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat