Deux créations par la compagnie Shechter II
Après le succès de Grand Finale l’an dernier, [...]
Ambiance embrumée, bruyante et surchauffée : le match va pouvoir commencer. Avec Rocco, les danseurs du Ballet de Marseille investissent le cirque du Manège de Reims.
La danse a toujours eu des affinités avec la boxe. On se souvient de K.O.K. de Régine Chopinot, de Boxe Boxe de Mourad Merzouki, d’un film d’Alain Platel qui associait des danseurs des ballets C de la B et des boxeurs d’un club gantois, et récemment, de (B) du chorégraphe flamand Koen Augustijnen. Il est vrai que dire que le jeu de jambes d’un Mohamed Ali ne cède en rien à celui des danseurs. Cette fois, c’est Emio Greco et son complice Pieter C. Scholten qui revisitent Rocco et ses frères (1960), film légendaire de Luchino Visconti, éblouissante fresque sociale autour d’une fratrie du Sud de l’Italie, sur fond de combats de boxe. Il faut dire qu’Emio Greco, aujourd’hui directeur du CCN Ballet de Marseille, est né dans les Pouilles, et que son paysan de père était boxeur dans sa jeunesse. Rocco, créé en 2011, est entré récemment au répertoire du Ballet national de Marseille, dont le tandem a pris la direction en 2014.
Une chorégraphie coup de poing
Sur le plateau transformé en ring, le quatuor de danseurs du BNM jouent les coqs dans la catégorie léger dans des corps à corps violents et parfois sensuels. Un duel de rivalité et d’érotisme imprègne cette œuvre divisée, comme il se doit, en autant de rounds. Force virile et jeu athlétique, puissance explosive des appuis, vitesse et relâchement, les danseurs se font maîtres de l’esquive pour un combat à armes égales. Assauts dansés, pas accélérés, torses magnifiés et bras déployés donnent de la grâce aux uppercuts. La pièce donne également à voir des comportements physiques et psychologiques extrêmes. Les rapports sont exacerbés et les interprètes partent en quête de leurs limites physiques et mentales. Au-delà des défis et de la tactique virtuose, Rocco est avant tout une lecture de l’ambivalence de l’amour fraternel, voire d’une fraternité complexe et sans concession. Dans une fusion de gestes intenses, au plus près des spectateurs, Rocco abolit les frontières entre sport et danse, conjugue combat social et dépassement de soi.
Agnès Izrine
Mer. 18 à 20h30, jeu. 19 à 19h30. Durée 1h10.
Tél. : 03 26 47 30 40.
Egalement : Les 9 et 10 avril à la Scène nationale d’Alençon, le 26 avril à la Maison de la Culture de Nevers.
Après le succès de Grand Finale l’an dernier, [...]