Oraison
Région / PALC PNC Grand Est, La Nef et CirQ’ônflex / écriture et mes Marie Molliens
Entretien
Marie Molliens de Marie Molliens
Publié le 3 octobre 2020
Avec Robin Auneau, Zaza Kuik et la musicienne Françoise Pierret, Marie Molliens interprète un spectacle qui avance, en quête de sens, sur le fil périlleux d’un équilibre à trouver et à proposer au monde.
Pourquoi ce titre ?
Marie Molliens : Oraison est une prière pour un avenir plus universellement viable, une oraison au monde. Mais ce mot désigne aussi une prise de parole, et qui n’est pas forcément funèbre ! Disons qu’il s’agit d’un discours adressé aux gens pour raviver leurs lumières poétiques et intellectuelles. Le spectacle a été créé en novembre 2019, juste avant la crise sanitaire, et il est frappant de voir combien il est prémonitoire et prophétique dans ce qu’il suggère d’un chaos à venir. C’est seulement une sensation, mais suffisamment puissante pour appeler au réveil qui nous gardera de sombrer dans la noirceur.
« Oraison est une prière pour un avenir plus universellement viable. »
Comment provoquer ce réveil ?
M.M. : Je suis fildefériste et acrobate. Dans le spectacle, il y a du fil, de l’acrobatie et une lanceuse de couteaux ; trois circassiens et une musicienne en scène. Le spectateur est d’abord conduit sur une fausse piste jusqu’à ce qu’un électrochoc visuel le conduise vers une succession de tableaux métaphoriques et poétiques. Nous cherchons à ce que le public éprouve ce que le cirque et la mort ont fondamentalement en commun. La prise de risque inhérente à cet art a un côté mystique et surnaturel. Ce risque dépend évidemment de la manière dont on se met en danger : même si le geste est sublimé, comme l’est par exemple celui de la lanceuse de couteaux, demeure l’essence ancestrale de cette discipline. Notre seule échappatoire est dans la totale maîtrise du geste et les circassiens vont toujours chercher l’endroit du déséquilibre et du basculement, toujours aux limites de l’accident. Notre petit chapiteau coloré ne paie pas de mine ; il n’a pas le look sobre des grands chapiteaux du cirque moderne ; il ressemble à dessein à ceux de la tradition foraine, pour aider à prendre le spectateur au piège et le déstabiliser. J’ai appris le cirque avec des maîtres traditionnels ; j’ai été élève chez Fratellini. J’ai vu naître le cirque contemporain dans les années 80. Je sais d’où il est sorti et je sais surtout où je veux l’emmener. Je crois qu’il y a encore un énorme travail à faire sous chapiteau. Cette forme, toujours prisonnière du divertissement familial, peut être porteuse de sens et de message. Je le fais avec ce spectacle, pour une conscience du risque encouru par un monde en proie au déséquilibre.
Propos recueillis par Catherine Robert
A propos de l'événement
Oraisondu vendredi 9 octobre 2020 au dimanche 11 octobre 2020
PALC PNC Grand Est
34, avenue du Maréchal Leclerc, 51000 Châlons-en-Champagne
Tél. : 03 26 65 90 06.
La Nef, 6, rue des Ecoles, 67160 Wissembourg.
Du 15 au 17 octobre. Tél. : 03 88 94 11 13. CirQ’ônflex, 7, allée de Saint-Nazaire, 21000 Dijon. Du 6 au 14 novembre. Tél. : 09 81 98 30 54.