« D’amour » : une traversée d’un siècle de chansons avec Thomas Lebrun
Emmené par la voix pédagogue de Nicolas [...]
Calligraphie des corps et force du texte, charge émotionnelle et pulsionnelle à son maximum, Naharin’s virus, tout en déflagrations, porte un sens éminemment actuel. Signé par Ohad Naharin.
On se souviendra longtemps de la violence de Naharin’s Virus (présenté en 2004, 2014 et désormais 2024-25) et de son assaut verbal tiré d’Outrage au public (1966) de Peter Handke, tandis que les danseuses et danseurs distillent une gestuelle qui passe de l’affolement à la stupéfaction. Avec ces mouvements ondulatoires, obsédants, ces femmes qui se plient sur leurs jambes écartées, ces hommes agités, il plonge le public dans une œuvre aussi électrique qu’éclectique. Naharin’s Virus est une pièce d’une force orageuse peu commune, dont la violence mécanique et systématique enfle au point de saturer le plateau. L’écriture chorégraphique, soulignée par les académiques blanc et noir que revêtent les interprètes, devient dessin, aussi épuré que la ligne tracée à la craie qu’inscrit sur un tableau noir chacun d’entre eux. Les danseurs égrènent leurs souvenirs, des anecdotes ancrées dans une réalité décalée et soudain leur colère, portée par le texte de Handke.
Une œuvre magistrale
Ralentis et comme en apesanteur, ne se soutenant plus seuls, penchés, perdus presque, ou élégiaques sur l’Adagio de Barber, les corps donnent à la chorégraphie des allures d’après tout, avant que la gestuelle, parcourue de spasmes, comme disloquée, ne prenne le relais. Naharin’s virus a été créé en 2001. On sait le chorégraphe partisan d’une réconciliation avec les Palestiniens. Mais lancer sa pièce sur une musique qui associe au klezmer celle du groupe Al Majad du chanteur palestinien Habib Alla Jamal, qui dope ses vingt interprètes d’une présence contestataire, et écrire le mot PLASTELINA sur le tableau noir (seul élément de la scénographie) dans le contexte actuel prend une tout autre dimension. Reste qu’Ohad Naharin est un chorégraphe avant tout universel, pouvant associer toutes formes de mouvements pour écrire une danse à la fois sauvage et délicate qui n’exclut aucune manière de danser, pourvu que les corps aient cette force de persuasion poétique qui caractérise son œuvre.
Agnès Izrine
à 20h30. Tél. 01 78 74 38 60. Durée : 1h10.
Théâtre de Caen, du 11 au 13 mars
La Passerelle, le 15 mars
La Filature, Mulhouse, les 20 et 21 mars, dans le cadre de la Quinzaine de la Danse.
Châteauvallon Liberté, du 27 au 29 mars
Grand Théâtre de Provence, du 1er au 2 avril
Opéra de Dijon, le 5 avril
Emmené par la voix pédagogue de Nicolas [...]