Campana du Cirque Trottola
Crise sanitaire, inondations… on ne compte [...]
Grièvement blessée au bras gauche lors des attentats parisiens du 13 novembre 2015, Alice Barraud a vu sa carrière de voltigeuse en main à main et portique coréen voler en éclats. Aux côtés du musicien Raphaël de Pressigny, elle monte sur scène pour partager son chemin de résilience. Chronique d’une reconstruction par les mots, par le corps, par le rire.
Deux semaines après que le procès des attentats du 13 novembre 2015 s’est ouvert devant la cour d’assises spéciale de Paris, Alice Barraud monte sur la scène du Prato, à Lille. C’est là qu’elle crée MEMM – Au mauvais endroit au mauvais moment*, réponse par la force de l’art aux tirs de kalachnikov dont elle a été victime, le soir des attentats, alors qu’elle se trouvait devant le restaurant Le Petit Cambodge. De cette soirée, elle ne nous dit presque rien. L’objet de sa création n’est pas de revenir sur les détails de la barbarie, mais d’éclairer le chemin de résistance, le parcours de reconstruction qui lui a permis de retrouver sa place dans le monde. Après sa sortie de l’hôpital, pendant plusieurs années de rééducation physique et d’accompagnement psychothérapeutique, Alice Barraud a noirci des carnets, couchant sur le papier les mots de ses souffrances, de ses doutes, de ses peurs, de ses victoires. « C’est ça l’art, écrit-elle ainsi en décembre 2015. C’est transformer. Faire de ce qui est laid… beauté. »
La scène comme réponse à la terreur
C’est à partir du contenu de ces carnets que l’artiste circassienne a élaboré MEMM, spectacle lauréat du Prix Beaumarchais-SACD pour l’écriture Cirque en 2020. Accompagnée de musiques interprétées en direct par Raphaël de Pressigny (batteur du groupe Feu! Chatterton), la jeune femme parle, danse, s’élève dans les airs, s’adonne à toutes sortes de corps-à-corps, de jeux d’équilibre, de contorsions, de suspensions. Ceci avec une détermination et un humour qui en imposent. On la voit tomber, se relever, recommencer, glisser, chuter de nouveau pour finir dans un grand écart… Des chirurgiens lui avaient dit qu’elle ne volerait plus. Elle a appris à se servir de son corps handicapé pour poursuivre ses rêves. Alice Barraud affirme ici une présence peu commune. Loin de tout pathos, elle nous ouvre un pan entier de son histoire. C’est un geste nécessaire dont nous sommes les témoins. Le geste d’une artiste qui oppose au nihilisme et à l’obscurantisme la lumière de la création.
Manuel Piolat Soleymat
Le 28 octobre 2021 à 18h30, le 29 octobre à 16h30 et le 30 octobre à 20h30.
Durée de la représentation : 1h05. Spectacle vu le 22 septembre 2021 au Prato - Théâtre international de quartier / Pôle national cirque de Lille.
Tél. : 05 62 61 65 00. www.circa.auch.fr
Également les 4 et 5 janvier 2022 au Centre dramatique national d'Orléans, les 4 et 5 février à Latitude 50 à Marchin (Belgique), le 11 mars au Festival SPRING à Elbeuf, du 17 au 20 mars au Monfort théâtre à Paris, le 16 avril au Plus Petit Cirque du Monde.
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