La rentrée classique/opéra dans toutes ses directions - 2022
Maxime Pascal, le grand écart de la liberté
ENTRETIEN / MAXIME PASCAL
LILLE / PARIS / ENTRE STOCKHAUSEN ET COMEDIE MUSICALE
Publié le 30 septembre 2022
À la tête de son ensemble Le Balcon, Maxime Pascal est à l’affiche en novembre avec Freitag aus Licht, le quatrième volet de son intégrale du cycle Licht de Stockhausen lancée en 2018, et avec, pour les fêtes, une adaptation de la comédie musicale La Petite Boutique des Horreurs. Le chef français revient sur ces deux productions.
D’où vient votre intérêt pour Licht de Stockhausen ?
Maxime Pascal : Licht accompagne Le Balcon depuis ses débuts il y a plus de dix ans. Pour un ensemble pluridisciplinaire comme le nôtre, c’est une œuvre démiurgique extraordinaire qui concerne tous les artistes de notre collectif. Après avoir commencé par jouer certaines scènes, nous nous sommes lancés en 2018 dans l’intégrale du cycle, avec un volet chaque année : d’abord Donnerstag, puis Samstag en 2019, Dienstag en 2020, et cette année Freitag.
« Licht accompagne Le Balcon depuis ses débuts il y a plus de dix ans. »
Pourquoi n’avez-vous pas procédé selon l’ordre habituel des jours ?
M.P. : Si on donne le cycle en une semaine, cette chronologie peut se justifier. Mais Stockhausen n’a pas composé les épisodes dans cet ordre-là, et il laissait aux interprètes une certaine liberté de choisir. Chacun des trois « personnages » de Licht, Eva, Michael et Lucifer, qui sont également symboles cosmiques et principes mystiques, est au centre d’une journée, trois autres les associent par deux et Mittwoch est celle de l’harmonie. Notre voyage est parti de Michael, s’est poursuivi avec Lucifer, leur affrontement mutuel, et, dans Freitag, la tentation d’Eva par Lucifer. Chacune des trois figures n’est pas seulement matérialisée par un chanteur, mais également par un instrument – celui d’Eva est le cor de basset – et des danseurs. Les différents avatars apparaissent à tour de rôle, parfois simultanément. Cette pluralité d’incarnations se retrouve dans la distribution vocale, Stockhausen n’hésitant pas à attribuer plusieurs tessitures à un même personnage.
Un mois plus tard, vous jouerez La Petite Boutique des Horreurs, un tout autre répertoire. Quel est le point commun entre les deux projets ?
M.P. : Il s’agit de la première comédie musicale d’Alan Menken, avant ses collaborations avec Disney. J’apprécie son langage singulier et expressif, synthèse entre le jazz et le classique. L’idée était de développer la partition, écrite pour un ensemble pop typique de Broadway, et d’enrichir l’orchestration vers le jazz et le symphonique. Arthur Lavandier, qui est un compagnon de route du Balcon, a réalisé le réarrangement. Jouer en si peu de temps deux œuvres aux antipodes l’une de l’autre témoigne de notre entière liberté dans nos choix artistiques.
Propos recueillis par Gilles Charlassier
A propos de l'événement
Freitag aus Licht,du samedi 5 novembre 2022 au mardi 8 novembre 2022
l'Opéra de Lille
Place du Théâtre, 59000 LILLE
Tél. 03 62 21 21 21.
À la Philharmonie, 221 avenue Jean-Jaurès, 75019 PARIS. Le 14 novembre 2022. Tél. 01 44 84 44 84.
La petite boutique des horreurs, Opéra Comique, place Boieldieu, 75002 PARIS. Du 10 au 25 décembre 2022. Tél. 01 70 23 01 31.