Marlene Monteiro Freitas interroge divers états du mal dans « Mal – Embriaguez Divina »

La chorégraphe cap-verdienne a fait de l’étrangeté et du trouble une marque de fabrique. Les corps qu’elle met en scène n’ont cessé de déranger, tout en métamorphoses de formes et de chairs. Mal – Embriaguez Divina est un spectacle entouré de multiples inspirations pour mieux parler du « mal », porté par des individus happés par un espace semblant évoquer un tribunal. Précédemment ambassadrice d’un état de corps proche de la statuaire, elle parle ici de « figures-sculptures » qui se transforment, embarqués dans des protocoles codifiés pour mieux exploser dans la danse. Profondément nourrie de littérature, de cinéma, de philosophie, la pièce est un spectacle total dans un environnement faussement totalitaire. Qu’est-ce que le mal, et comment s’en émanciper aujourd’hui ? Son incarnation sur scène est multiforme, constamment mouvante. Les états du mal qui se succèdent au gré d’un imaginaire bousculé par la chorégraphe peuvent aussi bien se lire dans les figures de la sorcière, du diable, de la guerre, de la bureaucratie… Hyper fictionnel, l’univers est glaçant, mais, quelque part, proche du réel.

Nathalie Yokel