La saison classique en France - 2009
« Les amateurs, c’est le public des concerts ! »
©Michel Piquemal dirige depuis 1987 le Chœur régional Vittoria d’Ile de France, joyau du monde choral amateur. Photo : DR
Michel Piquemal dirige depuis 1987 le Chœur régional Vittoria d’Ile de France, joyau du monde choral amateur. Photo : DR
Publié le 2 octobre 2009
Depuis 1987, le baryton Michel Piquemal dirige le Chœur régional Vittoria d’Ile-de-France. Il évoque l’évolution et la place de cet ensemble amateur dans le monde musical actuel.
Le Chœur Vittoria a fêté ses vingt ans en 2007. Comment voyez-vous son évolution ?
Michel Piquemal : Le chœur a été créé pour soutenir les besoins des orchestres régionaux et interpréter essentiellement le répertoire d’oratorio. Il y a eu alors des moments euphoriques : en 1998, le chœur a remporté les 5e Victoires de la Musique pour l’enregistrement du Roi David d’Honegger. Par la suite, le dialogue a été moindre avec l’Orchestre national d’Ile-de-France et il a fallu revoir notre position. D’un grand chœur de 80 à 120 chanteurs, nous sommes passés à une formation « chœur de chambre » de 50-60 choristes en 2004.
Le répertoire a donc changé…
M.P. : Nous chantons moins le grand répertoire choral parce qu’il y a malheureusement moins de possibilité de le faire aujourd’hui. La mode est aux petits ensembles vocaux. Pourtant, ce n’est pas nouveau : l’Ensemble vocal Michel Piquemal existait en 1978 ! Tous ces ensembles ont leur place, leur rôle, mais le haut de la pyramide a besoin d’une base et ce sont les formations amateurs.
« Il n’est pas de grand compositeur qui n’ait écrit pour ce monde de l’oratorio »
Quel est l’avenir de ces formations amateurs ?
M.P. : Certaines évolutions sont inquiétantes, comme les projets de rémunérer la pratique amateur, ce qui n’a aucun sens. Il y a une place pour des amateurs de bon niveau. Notre but n’est pas de rivaliser avec qui que ce soit mais de faire entendre un répertoire que le public apprécie. Il n’est pas de grand compositeur qui n’ait écrit pour ce monde de l’oratorio. Or ce sont des ensemble comme le Chœur Vittoria qui ont vocation à l’interpréter. Il ne faut pas oublier non plus que de nombreux professionnels vivent de la pratique amateur : les orchestres, les solistes, les instrumentistes ; de plus, il faut un encadrement administratif, des pédagogues… Et puis, les amateurs, c’est aussi le public des concerts !
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun