La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La saison classique en France - 2009

Le nouveau souffle de l’école allemande

Le nouveau souffle de l’école allemande - Critique sortie
Photo : DR

Publié le 2 octobre 2009

Issue d’une double culture, sri-lankaise et monégasque, Shani Diluka a su développer une vision artistique particulièrement riche. Elevée dans la tradition d’interprétation allemande, la pianiste s’attaque à présent à l’enregistrement de l’intégrale des cinq concertos de Beethoven (à paraître fin 2010 chez Mirare).

Quels ont été vos maîtres ?
Shani Diluka :
Celui qui m’a le plus marqué et avec qui je travaille toujours est Leon Fleisher. Cet élève d’Arthur Schnabel incarne la tradition allemande. Son attitude philosophique face à la musique allie humilité et quête de vérité. La rencontre avec Murray Perahia a également été très importante pour moi. Il m’a transmis son souci de la construction et de l’architecture des œuvres. Il parvient à sublimer ses émotions dans une pensée intellectuelle. Enfin, je travaille régulièrement à Paris avec Marie-Françoise Bucquet, ancienne élève de Wilhelm Kempff. L’école allemande reste ainsi présente, école qui selon moi emmène l’artiste bien au-delà de son ego, et symbolise la relation entre l’être et l’univers.

 « Beethoven réveille le désir d’exister, d’élévation, à une époque où les mirages nous éloignent de la vérité ».

Vous vous lancez dans l’enregistrement de l’intégrale des concertos de Beethoven…
S.D. :
J’aborde ce projet avec une grande humilité. J’ai effectivement écouté les versions que j’admire, celles de Fischer, Kempff ou Brendel. Mais je suis d’une nouvelle génération, et je m’interroge sur la place de Beethoven dans le monde d’aujourd’hui. Nous sommes dans une société qui perd certains de ses idéaux et valeurs, que précisément Beethoven défend. Beethoven réveille le désir d’exister, d’élévation, à une époque où les mirages nous éloignent de la vérité. Je me réjouis également d’enregistrer ces concertos avec Kwamé Ryan. Ce chef canadien originaire de Trinidad, et moi-même Sri-Lankaise, reflétons le monde d’aujourd’hui dans ce métissage de culture. Nous allons donc essayer d’apporter un nouveau regard sur ce répertoire.

Vous avez créé il y a deux ans une œuvre de Bruno Mantovani. Quel rapport entretenez-vous avec la musique contemporaine ?
S.D. :
Ce qui m’intéresse, c’est d’aborder des esthétiques nouvelles qui me font évoluer. Aller au-delà des limites, découvrir des zones encore inconnues de l’humanité. J’ai eu la chance de vivre pendant cinq ans dans la maison de Iannis Xenakis. J’ai aussi travaillé avec Helmut Lachenmann, qui est entré en contact avec moi après avoir entendu mon disque… consacré à Grieg ! J’aime par ailleurs beaucoup la musique de György Kurtág, ancrée dans une forte tradition, lui qui cependant a su créer un nouveau langage. Quant aux Cinq pièces pour Paul Klee, pour violoncelle et piano, de Bruno Mantovani, que j’ai créées avec Eric-Maria Couturier, violoncelliste de l’Ensemble intercontemporain, elles révèlent une esthétique à la fois intellectuelle et sensible. Nous sommes à la fois l’arpenteur et le constructeur d’un chemin et toute rencontre permet de ne pas renoncer aux brûlures des remises en question.

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

Sélection discographique :
– Concerto pour piano de Grieg avec l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, dir. : Eivind Gullberg Jensen. Chez Mirare.
– Mendelssohn, Romances sans paroles. Chez Mirare

Shani Diluka en concert :
du 28 au 31/01/2010 aux Folles Journées de Nantes, le 2/02/2010 à la Cité de la Musique de Paris, le 4/04/2010 au Printemps des Arts de Monaco.

Contact :
Ponticello / Hélène Paillette
Tél. 01 44 91 80 11
Email : hpaillette@ponticello.fr
www.ponticello.fr

 

A propos de l'événement


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