Le mythique Festival Montpellier Danse annonce les premières créations de sa 45e édition

Cette 45^e édition du Festival Montpellier Danse sera la toute dernière signée par Jean-Paul Montanari. Elle porte donc tout le savoir-faire, l’audace, l’intelligence et l’esprit d’ouverture, sans parler de la connaissance de la danse qu’il faut pour fabriquer, année après année, un tel événement international. Et même si nous ne savons pas encore tout de cette mouture 2025, nous connaissons déjà quelques créations majeures qui laissent augurer d’un grand festival. À commencer par une création mondiale d’Akram Khan avec quatorze danseurs intitulée Thikra et sous-titrée Night of Remembrance. Le titre signifie, en arabe, souvenir, mémoire, réminiscence. Akram Khan embarque donc sur le fleuve du temps, pour arriver dans un désert nommé AlUla, un espace dont les rituels imprègnent l’environnement, laissant derrière eux les traces et les échos de leur énergie. AlUla, un nom donné aux femmes dans la culture arabe, signifie premier né/premier saut. C’est pourquoi la distribution est entièrement féminine. La chorégraphie incorpore au Bharatanatyam la danse contemporaine, créant une confluence entre ces deux cultures et de nouvelles connexions. Ainsi le temps d’une nuit, le présent et le passé s’embrassent.

Un festival très international

Autre création mondiale de grande envergure, Figures in Extinction [3.0], dernier volet de la trilogie signée Crystal Pite et Simon McBurney, est également présentée dans cette édition de Montpellier Danse, qui programme l’intégralité de ce triptyque. Les deux artistes, qui ont travaillé quatre ans sur ce projet, livrent trois partitions extraordinairement subtiles, aussi hallucinantes que somptueuses, portées par les merveilleux vingt danseurs du NDT1. Deux autres artistes en pleine ascension donnent également leurs solo et trio en primeur à Montpellier Danse. Il s’agit de Of the Heart – An Etude d’Armin Hokmi, artiste iranien découvert par Jean-Paul Montanari, dont on a pu voir Shiraz en 2024. Ce nouvel opus imagine une danse née de l’impulsion, un vocabulaire physique en train de s’écrire sous nos yeux, sorte d’épiphanie du danseur qui s’abandonne à son art. Cherish Menzo danseuse et chorégraphe néerlandaise, s’empare quant à elle avec FRANK des figures du monstre. De celles qui cristallisent notre vision du sacré et celles du criminel, du féminin ou du colonisé, incarnant les croyances et les récits qui nous horrifient. Bien entendu, ces créations ne sont qu’un aperçu d’un festival beaucoup plus vaste qui s’étendra sur deux semaines, avec d’autres monstres sacrés de la danse au programme.

Agnès Izrine