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Les formations artistiques

L’art du chant baroque

L’art du chant baroque - Critique sortie
© Sandrine Expilly

Publié le 10 octobre 2009

Aux côtés de William Christie, le ténor et chef d’orchestre Paul Agnew est le co-directeur du Jardin des voix. Il nous parle de cette formation créée en 2002 sous l’égide des Arts florissants.

Comment est né le Jardin des voix ?
Paul Agnew :
C’est une idée de William Christie, qui souhaitait poursuivre d’une certaine façon son travail de professeur au Conservatoire de Paris. Il manquait alors une formation de ce type, destinée aux jeunes chanteurs déjà professionnels mais souhaitant travailler plus spécifiquement la musique ancienne. Dans les cours de chant, l’habitude est de former les chanteurs sur une base mozartienne, consistant à obtenir le plus d’homogénéité entre les registres. Or, dans la musique baroque, il faut au contraire travailler sur les changements d’affects et porter parfois davantage son attention sur le texte que sur la musique. A cela s’ajoute encore la question de l’ornementation… William Christie a une telle expérience et une telle connaissance qu’il est un excellent éducateur.

« Comprendre aussi le contexte historique et musicologique de l’œuvre »

Quelles sont les différentes étapes de cette formation ?
P.A. :
Tout d’abord, nous recrutons les chanteurs. Chaque année, il y a entre 200 et 250 candidats, nous en auditionnons environ une centaine pour en choisir au final entre six et dix. En fonction de leurs qualités, nous choisissons les œuvres que nous allons interpréter et non le contraire. Nous avons ensuite deux à trois semaines pour travailler le programme. C’est un temps de répétition important, qui permet aux chanteurs de travailler avec différents coaches, notamment sur le style ou sur la langue. Il faut faire comprendre aux chanteurs qu’il ne suffit pas de chanter les notes, mais qu’il est nécessaire de comprendre aussi le contexte musicologique et historique de l’œuvre qu’ils interprètent. La formation se déroule dans les locaux du Théâtre de Caen, ce qui nous permet d’avoir beaucoup d’espace à notre disposition.

Quel est votre rôle au sein du Jardin des voix ?
P.A. :
Je suis co-directeur avec William Christie, ce qui signifie que je dirige la moitié des concerts. Nos visions de la musique sont très complémentaires : William Christie est claveciniste et je suis chanteur. Mon rôle consiste à faire travailler les jeunes chanteurs et notamment à essayer de leur permettre de trouver leur propre personnalité à travers le chant.

Comment se passe l’insertion des chanteurs issus du Jardin des voix ?
P.A. :
Une fois que la formation est finie, nous les invitons très souvent à chanter des petits rôles dans les productions des Arts florissants. Certains chanteurs issus du Jardin des voix mènent aujourd’hui une belle carrière, comme la soprano Emmanuelle de Negri ou le baryton-basse Andreas Wolf. On peut aussi prendre l’exemple de Claire Debono, une soprano au timbre très intéressant, qui venait de Malte et n’avait jamais fait de musique ancienne avant le Jardin des voix. Mais bien sûr, la situation est aujourd’hui difficile pour les chanteurs : il faut beaucoup de chance, de talent et de connaissance.

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

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