Belles places de Léo Lérus
Avec le nouveau spectacle de la compagnie [...]
Avec son spectacle In Bìlico, La Sociale K fait une promesse qui a séduit bien des équipes de Pôles Nationaux Cirque, dont Le Sirque à Nexon où nous avons découvert le spectacle en août 2022 : revisiter un agrès traditionnel, le fil. La réussite s’arrête hélas à la technique.
S’il a ouvert en juillet dernier le Festival d’Alba la Romaine en extérieur, c’est dans sa version intérieure que nous avons découvert In Bìlico au Sirque à Nexon lors du festival Multi-Pistes, fin août 2022. C’est en effet dans le Vaisseau, chapiteau permanent du Pôle National Cirque, inauguré en 2021 afin de mieux répondre aux besoins des artistes de cirque contemporains, qu’était alors programmée cette première création de la compagnie La Sociale K. Conçue pour être jouée partout, celle-ci échappe donc à l’une des grandes contraintes du fil : sa nécessité d’ancrage. Les fondateurs de la compagnie, les fildeféristes Julia Figuière, Julien Posasa et Florent Blondeau ainsi que le technicien Jean-Christophe Caumes, ont réalisé cette prouesse en empruntant une voie assez courue ces dernières années dans le nouveau cirque : la création d’un agrès. Soit le « nyctinastia », dont le principe est inspiré du mécanisme provocant des mouvements chez certains végétaux en fonction de l’alternance du jour et de la nuit. Quand bien même il ne fait que tourner sur lui-même, et non se rétracter comme le souhaitaient au départ les artistes, l’agrès est une réussite. La Sociale K peine hélas à en tirer le bénéfice escompté en matière de dramaturgie.
Les fils de l’homme
Fait de six fils tendus sur une structure métallique autoportée, le « nyctinastia » est dans In Bìlico le cœur d’un univers que les trois interprètes font mine de découvrir lorsqu’ils entrent en scène. Dans des tenues aux notes vaguement futuristes, les trois acrobates commencent par tourner autour de leur fleur de métal encore immobile, tandis que le musicien Antoine Leymarie entame sa partition qui laisse une large place à l’improvisation, à la réaction au présent toujours en partie imprévisible du plateau. Les premières traversées faussement tâtonnantes des trois acrobates, tantôt en solo tantôt à plusieurs – c’est là l’une des particularités du « nyctinastia », que de permettre aux fildeféristes d’échapper à la solitude qu’impose leur agrès sous sa forme classique –, promettent une forme de récit, d’aventure. Hélas, on attend en vain. Même lorsque l’agrès se met à tourner sur lui-même, imposant aux interprètes plus encore d’équilibre qu’auparavant, nulle relation particulière ne se dessine entre eux. Sans aucune justification dramaturgique, leurs changements de rythme, leurs tentatives de variations ne font que révéler la difficulté des artistes à développer une pensée et un monde assez complexes pour faire vraiment vivre leur machinerie autrement que par ses simples mécanismes.
Anaïs Heluin
à 20h. Tel : 03 60 01 02 40. www.cirquejulesverne.fr.
Également le 14 octobre au Manège, Scène Nationale de Reims et les 21 et 22 octobre au festival Circa à Auch.
Avec le nouveau spectacle de la compagnie [...]