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La composition comme art et apprentissage

La composition comme art et apprentissage - Critique sortie
Légende : Le compositeur Brian Ferneyhough enseigne à Royaumont depuis 1990. © Agathe Poupeney

Publié le 17 novembre 2013

Figure majeure de la création musicale, Brian Ferneyhough (né en 1943) dirige à l’Abbaye de Royaumont les sessions de composition « Voix nouvelles », qui accueillent chaque année de jeunes compositeurs.

« Écrire une partition est une situation d’apprentissage extrêmement enrichissante »

Vous dirigez les sessions de composition depuis plus de vingt ans. Vos ambitions sont-elles toujours les mêmes qu’à l’origine ?

Brian Ferneyhough : En fait, la forme de ces sessions a évolué très tôt. C’était au tout début, en 1990, une semaine de cours qui laissait peu de place à des conseils individualisés. Très rapidement, Marc Texier a souhaité orienter « Voix nouvelles » vers de véritables master-classes de composition, une forme que l’on a conservée depuis. Les dix premières années ont été de riches moments d’expérimentation. Et en vingt ans, le niveau des étudiants s’est considérablement amélioré et homogénéisé.

Quel travail menez-vous sur l’œuvre que vous présente chacun des jeunes compositeurs accueillis à Royaumont ?

B. F. : C’est très variable d’un compositeur à un autre. Certains ont déjà commencé leur pièce plusieurs mois avant ou l’ont même déjà finie, d’autres sont beaucoup moins avancés. L’important n’est pas tant ce qu’ils ont envie d’écrire que les questions que cela soulève. C’est pourquoi la première chose que l’on communique aux compositeurs retenus est l’instrumentation disponible pendant la session : envisager la combinaison des instruments est un premier défi. Bien sûr, j’aime jouer un rôle dans la mise en forme finale de la pièce, mais dans tous les cas, j’examine la partition avec beaucoup d’attention, du début à la fin. Écrire une partition est en soi une situation d’apprentissage extrêmement enrichissante : décider de la taille de la partition, du moment où les instrumentistes doivent tourner la page, toutes ces choses basiques font partie intégrante du métier de compositeur.

Les écoles esthétiques n’existent-elles plus, ou du moins plus sur une base nationale ?

B. F. : Selon les pays, le background reste différent, et nous devons en tenir compte pour apprécier le travail des compositeurs en fonction des influences auxquelles ils ont été exposés. Mais il faut comprendre que les compositeurs ne pensent pas en ces termes : le style n’est pas pour eux un marqueur idéologique. Ce que l’on appelle les écoles esthétiques – même le sérialisme à Donaueschingen ou Darmstadt dans les années 1950 – est rarement pensé en tant que tel par les compositeurs, qui se concentrent avant tout sur les problèmes que soulève la conception de leur œuvre. Ces étiquettes sont davantage le fait de la presse, qui veut donner un « sens » historique à l’évolution de la musique.

 

Propos recueillis et traduits de l’anglais par Jean-Guillaume Lebrun

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