Avec « Salto », la compagnie El Nucleo explore les limites d’un défi

Tout part de ce prétexte ludique, qui va donner lieu à la mise en place de diverses stratégies pour que chacun ou chacune sur scène, y compris les musiciens, parvienne à battre le chronomètre, en grappillant seconde après seconde de suspension en l’air. Selon les personnes, les manières de procéder diffèrent : les corps ne sont pas les mêmes, les techniques préférées non plus. Il y a évidemment de nombreux sauts : c’est en questionnant le principe même de sauter qu’Edward Aleman a initié l’écriture de ce spectacle. Au travers d’eux, les acrobates atteignent un état de grâce et d’évasion tout autant qu’ils contraignent leurs corps et les exposent au risque de la chute.

Un cirque collectif comme une expérience sociale

Derrière cette mise en scène de la prouesse des voltigeurs et voltigeuses, c’est aussi une exploration des rapports de groupe et du jeu social qui se tapit sous la proposition. Dans leur quête des 10 minutes de vol, les circassiens peuvent choisir de partir en solo, mais ils peuvent aussi collaborer… ou se gêner. Et on réalisera bien vite que le spectacle est écrit pour montrer comment les inégalités de toutes sortes, concrètement, ont un impact sur les performances des artistes. Il agit donc, aussi, comme une métaphore des luttes pour l’égalité.

Mathieu Dochtermann