La Terrasse

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Les formations artistiques

Arriver à trouver son langage personnel

Arriver à trouver son langage personnel - Critique sortie
© D. R. / légnde : Bruno Krief, entre le CNAC et la compagnie Arts des Airs.

Publié le 10 octobre 2009

Enseignant permanent au CNAC, Bruno Krief met son parcours d’artiste au service de la transmission.

Vous enseignez dans différentes structures, mais vous avez pour le moins un parcours d’artiste très atypique…
Bruno Krief :
Je n’étais pas du tout prédestiné à un métier de spectacle. J’ai fait de la gravure d’art, je suis même devenu maître imprimeur en taille douce et ai commencé à exposer mon travail. Le hasard m’a fait découvrir le gymnase Montorgueil, où des artistes pratiquaient le trapèze. Je suis devenu complètement mordu des disciplines aériennes. Là-bas, j’ai eu le coup de foudre pour Armance Brown qui est devenue ma partenaire et compagne. On a créé ensemble un duo aérien. Nous refusions l’idée traditionnelle de porteur-voltigeur où un costaud porte une petite voltigeuse.

«  Le travail de transmission des disciplines est tout le temps en face à face. »

Comment passe-t-on le cap de la transmission ?
B. K. :
Il faut déjà en avoir le goût. J’ai moi-même énormément appris en tournée, avec des artistes et individuellement. Le cirque, c’est aussi l’observation au quotidien d’une pratique, d’un métier, indépendamment du côté technique. Après, mes collaborations avec des artistes (Blanca Li, Wim Wenders…) m’ont amené à former des interprètes sur des projets précis.

Comment se définit le projet pédagogique du CNAC ?
B. K. :
Il est très écrit, mais le travail de transmission des disciplines est tout le temps en face à face. Les disciplines que j’enseigne comme l’aérien et le mât chinois se font avec une ou deux personnes, en dialogue technique, intellectuel et humain. La passation se fait directement. L’excellence technique est demandée par l’école, et je pense que cette excellence offre ensuite une grande liberté. Le métier du cirque, que je travaille avec ma compagnie Arts des Airs, demande un engagement profond, avec beaucoup d’exigence en termes physique et personnel.

Forme-t-on au CNAC des interprètes, et comment ?
B. K. :
Aujourd’hui, un interprète de cirque contemporain doit être à même de répondre aux demandes des metteurs en scène, mais en apportant sa propre richesse. C’est ce que j’essaye d’apporter dans mon enseignement : non pas reproduire des gestes techniques, aussi virtuoses soient-ils, mais arriver à trouver son langage personnel dans l’utilisation de l’agrès et dans le langage acrobatique, dans l’inventivité et la déstructuration. Il faut trouver le juste équilibre entre la formation technique très exigeante, et cette ouverture vers la danse, vers le jeu. Au CNAC c’est une préoccupation quotidienne pour que les étudiants ne cloisonnent pas les disciplines artistiques. Je leur dis que ce sont eux les propres créateurs de leur formation, qui ne peut pas s’arrêter au bout des deux ans et de la troisième année d’insertion professionnelle.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

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