« A Simple Space » de la compagnie australienne Gravity & Other Myths, un cirque d’acrobaties tout en virtuosité et maîtrise

Un plateau nu, deux colonnes lumineuses, pas de costumes, trois gradins pour entourer l’espace de jeu : A Simple Space serait presque un manifeste de cirque minimaliste. Seule concession à la nécessité d’habiller le spectacle : un percussionniste accompagne les évolutions des acrobates, avec un talent certain pour amplifier le rythme déjà soutenu auquel les circassiens et circassiennes s’astreignent. Car durant une heure l’engagement physique connaît peu de répit : les colonnes débouchent sur des banquines qui débouchent sur des saltos, et ainsi de suite, selon un principe directeur qui semble être : toujours plus haut, toujours plus fort. La prouesse d’endurance est impressionnante, et la prouesse technique ne l’est pas moins. Les deux voltigeuses passent presque davantage de temps dans les airs qu’elles ne sont en contact avec le sol.

Un cirque explosif et joueur

Pour autant le spectacle s’autorise aussi des interludes, où un humour bon enfant va venir dérider les visages et faire redescendre un peu la pression. L’un des motifs récurrents du spectacle, qui sert aussi de prétexte à reprendre les acrobaties de plus belle, est une mise en compétition incessante des interprètes entre eux, qui se lancent toutes sortes de défis, parfois enfantins, comme de rester le plus longtemps sans respirer, parfois plus loufoques, dans des limites adaptées à un public familial. Cette tendance à se provoquer à tout crin pourrait lasser, mais la troupe de Gravity & Other Myths se rattrape avec sa capacité à gagner la sympathie des spectateurs, bien aidée par la proximité physique entre les gradins et le plateau.

Mathieu Dochtermann